Dépression : les signes qui montrent que votre enfant est déprimé
La dépression est un trouble de l’humeur caractérisé notamment par une perte d’intérêt ou de plaisir pour presque toutes les activités, une humeur dépressive persistante, un sentiment de culpabilité et une perception de soi négative. Considérée comme l’une des maladies les plus invalidantes, elle concerne tout le monde, y compris le nourrisson, le jeune enfant, et l’adolescent. Comment reconnaître la dépression chez l’enfant et l’adolescent ? Comment y remédier ? Maitre de Conférences en Psychopathologie clinique et Psychocriminologie, Enseignant-chercheur, Psychologue praticien, le Dr Sébastien Yougbaré apporte des éléments de réponse. Le Dr Yougbaré est aussi le Directeur Général du Centre national des œuvres universitaires (CENOU).
Dr Sébastien Yougbaré, psychologue praticien
Quelles sont les causes et facteurs de risques de la dépression?
- Une probable prédisposition biologique (chez les jumeaux monozygotes ; parenté dans la famille biologique) ;
- Le fonctionnement familial a très souvent été mis en relation avec la dépression chez l’enfant et chez l’adolescent (abus, négligence, exigence, abandon) ;
- Les niveaux élevés de conflits entre parents ;
- La toxicomanie des parents ;
- Les problèmes de santé mentale des parents ;
- Le stress familial persistant (Dugas, 1997; Dumas, 2002, Yougbaré, 2018).
Comment reconnaître la dépression chez l’enfant et l’adolescent ?
Les critères diagnostiques de la dépression chez l’enfant sont identiques à ceux de l’adulte. Il arrive que le trouble soit plus difficile à reconnaître chez les jeunes parce que les symptômes sont souvent perçus comme des sautes d’humeur normales. De plus, ils varient selon les périodes du développement et l’enfant a souvent de la difficulté à verbaliser avec précision ce qui lui arrive (cas des nourrissons par exemple: ils ne mangent plus, ils perdent du poids, ils sont très irrités, ils pleurent tout le temps).
Pour poser le diagnostic de trouble de dépression notamment majeure, la personne doit manifester :
- Une humeur déprimée ou montrer une perte notable d’intérêt à l’égard des activités, sur une période continue minimale de deux semaines ;
- Cette manifestation doit représenter un changement par rapport à l’humeur normale de la personne et affecter notablement son fonctionnement social ou scolaire;
- Le changement d’humeur ne doit pas être lié à la consommation d’un médicament ou d’une autre substance. Il ne doit pas non plus résulter d’un autre problème de santé ou de deuil.
Quelles sont les conséquences de la dépression chez l’enfant et le nourrisson ?
La dépression est réduite à la capacité d’établir et de maintenir la relation à soi et aux autres.
- Pour l’enfant, elle peut entraver la qualité de vie à l’école : il peut perdre le plaisir et l’appétit scolaire comme pour toute autres activité pour sa socialisation. De ce fait, sa capacité d’adaptation est menacée ;
- Il faut noter que chez les nourrissons déprimés, la mort peut s’en suivre du fait qu’ils ne sollicitent plus le nourrissage.
Quel traitement pour la dépression ?
Un milieu sain doit amener l’enfant à apprendre qu’il exerce une influence sur ce qui lui arrive et que ses initiatives et ses efforts ont une valeur réelle, une efficacité. Alors, l’enfant doit savoir que ses échecs ne signifient pas qu’il est nul. Ils sont temporaires et sa persévérance peut mener au succès. Aussi un soutien psychologique est nécessaire.
Comment prévenir la dépression ?
- Il faut suivre le développement humain depuis la grossesse maternelle, la périnatalité pour améliorer la santé de la mère et de l’enfant par le renforcement de lien affectif ou d’attachement sécurisé. Il faut des dispositifs de soutien et de gestion de stress tant en communauté qu’à l’école ;
- Il faut soutenir psychologiquement l’enfant malade ainsi que les mères dépressives ;
- Il faut soutenir les personnes et les familles qui traversent des incidents critiques car ils sont potentiellement sources d’anxiété…
Madina Belemviré
