CHU de Bogodogo: le service des urgences chirurgicales a reçu 3040 patients pour l’année 2019

3040 patients ont été reçus dans le service des urgences chirurgicales du CHU de Bogodogo à partir du 26 avril 2019, date d’ouverture du service des urgences chirurgicales jusqu’au 31 décembre 2019. Pour l’année 2020, ils sont au total 2900 patients qui ont été reçus dans le même service pour les trois premiers trimestres. Quelles sont les pathologies les plus couramment rencontrées dans ce service ? Quelles sont les difficultés rencontrées dans la prise en charge des patients? Les réponses avec Dr GNOUNSINIYAPOUE JOEL BONKIAN, chirurgien orthopédiste-traumatologue au CHU de Bogodogo.

Dr GNOUNSINIYAPOUE JOEL BONKIAN, chirurgien orthopédiste-traumatologue

Les pathologies traumatiques : elles sont surtout dominées par les blessures légères et contusions bénignes(70%)  qui revêtent tout de même souvent un caractère spectaculaire pour le malade et son entourage, source de réclamation intempestive peu justifiée de soins en urgence.

Par contre, dans le même groupe on rencontre les lésions plus sérieuses comme les fractures des membres et les luxations(13%), souvent associées entre elles ou à un traumatisme cranio-encéphalique ou encore à des plaies  très hémorragiques pouvant rapidement engager le pronostic vital et/ou  fonctionnel du blessé. Ces dernières peuvent mobiliser toute une équipe de garde et  même d’autres spécialistes en interne ou hors de l’hôpital pour des avis et gestes de  sauvetage qui ne sauraient être différés.

Rappelons au passage les traumatismes balistiques qui prennent de l’ampleur ces derniers temps avec  les multiples attaques terroristes.

  • Les pathologies infectieuses musculosquelettiques : elles sont moins fréquentes mais généralement vues au stade avancé voire avec des complications

En consultation ordinaire, on y reçoit :

  • Les pathologies dégénératives ostéoarticulaires : les arthroses,
  • Les séquelles de traumatismes négligés ou initialement traités chez les rebouteux,
  • Les pathologies tumorales musculosquelettiques,
  • Les infections chroniques ostéoarticulaires,
  • Les malformations congénitales ostéoarticulaires et les déformations acquises.

Quels sont vos besoins et les difficultés rencontrées ?

Les besoins des chirurgiens orthopédistes-traumatologues au Burkina Faso sont immenses.

Pour ce qui est des besoins, il me parait nécessaire :

  • De renforcer les ressources humaines en nombre et qualité : la trentaine de traumatologues pour tout le pays sont à Ouaga, Bobo, Ouahigouya, Koudougou et Dédougou. Ces derniers ne peuvent prétendre pour le moment à une organisation ni par pools d’excellence  ni par unités hyperspécialisées pour un meilleur rendement. Et pour le cas spécifique du CHU de BOGODOGO qui semble relativement nanti de ces 6 chirurgiens orthopédistes-traumatologues, la demande des patients est déjà largement au-delà de nos potentialités et ce dans un contexte d’absence de perspective avisée de recrutement au fil des années.
  • Rendre disponibles les équipements et matériels : en effet ceux-ci sont très insuffisants si bien que la majorité des orthopédistes-traumatologues désapprennent dans certains domaines assez spécifiques tels que l’arthroscopie et la chirurgie prothétique du genoux.
  • En plus le matériel d’ostéosynthèse n’est pas toujours à la portée financière des patients.
  • Contribuer à la sensibilisation de la population : c’est la prévention, le moyen thérapeutique le plus sûr et relativement moins couteux. Cette prévention est dite primaire lorsqu’elle permet d’éviter la survenue des accidents et secondaire lorsqu’elle permet d’éviter chez la personne déjà blessée de recourrir à des traitements inadaptés donc d’éviter les complications.

Partant de là, les  difficultés se dégagent d’elles-mêmes : il s’agit de l’énorme charge de travail surtout pendant les gardes ; notre impuissance matérielle face à certaines situations ainsi que la gestion des cas de traumatismes négligés.

Madina Belemviré

 

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