Vitiligo : le regard voire le rejet des autres sont très difficiles à vivre

Le mot « vitiligo » proviendrait du latin vitiligo qui signifie « tache blanche ». C’est une affection cutanée caractérisée par une perte de la pigmentation (dépigmentation), donnant une couleur blanche à la peau. Le Vitiligo peut atteindre les muqueuses et la rétine. Les poils qui poussent dans les régions touchées par le vitiligo peuvent devenir blancs. Le vitiligo résulte d’une disparition progressive des cellules responsables de la pigmentation de la peau (les mélanocytes). La cause de cette disparition est encore mal connue. C’est une maladie multifactorielle encore mal élucidée, sans doute la combinaison de différentes causes : génétiques, environnementales et auto-immunes. Tout savoir sur cette affection qui touche entre 1 % et 2 % de la population avec le Dr Séraphine ZEBA Dermatologue au CMA de Pissy.

Dr Séraphine ZEBA

Symptômes

La lésion élémentaire du vitiligo est une tache dépigmentée d’une couleur blanc-ivoire de taille et de forme variables. Les taches du vitiligo sont généralement indolores et ne grattent pas ou très peu. Les lésions peuvent siéger à n’importe quel endroit sur la peau mais il existe des zones de prédilection particulièrement fréquentes : dos des mains, pieds, coudes et genoux, organes génitaux, autour des orifices naturels, sous les aisselles, plis de l’aine et ombilic (zones de friction).

Différentes formes de vitiligo

Selon la localisation et l’extension des lésions, il existe plusieurs formes de vitiligo. On distingue les formes localisées et les formes généralisées.

- Les formes localisées sont : le vitiligo focal, le vitiligo segmentaire et le vitiligo muqueux.

. Le vitiligo focal ne touche qu’une petite surface de la peau.
. Le vitiligo segmentaire est une dépigmentation unilatérale qui correspond grossièrement à un territoire d’innervation appelé dermatome. Le vitiligo segmentaire peut affecter un ou plusieurs dermatomes et peut se voir sur n’importe quelle partie du corps où il demeure unilatéral.
. Le vitiligo muqueux ne touche que les muqueuses (lèvres, organes génitaux…).

- Les formes généralisées comprennent le vitiligo vulgaire et le vitiligo universalis.
. Le vitiligo vulgaire également appelé vitiligo bilatéral est la forme la plus fréquente de vitiligo (près de 90 % des cas). Les plaques sont dispersées et souvent bilatérales et symétriques. Il apparaît de façon préférentielle au niveau du visage, des mains et des pieds.
. Dans le vitiligo universalis, la quasi-totalité du corps est touchée.

Personnes à risque

Le Vitiligo touche aussi bien l’homme que la femme. Il peut apparaître à tout âge et touche toutes les populations, sans distinction de couleur de peau. N’importe qui peut en être atteint.

Facteurs de risques

La probabilité d’atteinte est plus élevée chez les personnes qui ont des antécédents familiaux de vitiligo. En outre, le vitiligo est associé à certaines maladies telles que l’anémie, un dérèglement de la glande Thyroïde, une maladie auto-immune….
L’apparition à l’occasion de traumatismes psychoaffectifs ou physiques est souvent mentionnée. Les personnes qui présentent une maladie autoimmune (hypothyroïdie, hy-perthyroïdie, diabète de type 1…) ont un risque plus élevé que les autres de développer la maladie. D’autres facteurs peuvent être à l’origine de l’apparition du vitiligo : éruption cutanée, traumatisme…


Est-ce contagieux ?

Le vitiligo n’est pas une maladie contagieuse.


Quelles peuvent être les complications ?

En plus de donner sa couleur à la peau, la mélanine la protège contre les effets du soleil. Une absence de pigmentation augmente donc le risque de sensibilité au soleil dans les zones touchées. Le vitiligo accroît les risques de coup de soleil et de cancer de la peau.
Il a un retentissement important sur la qualité de vie des gens lié à la dégradation de l’image de soi et au regard des autres. On estime que le retentissement psychologique du vitiligo est du même ordre qu’une dépression ou un cancer.
Mis à part le préjudice esthétique qui peut être majeur, le vitiligo n’a pas de retentissement organique à long terme en dehors des cas où il est associé à d’autres maladies autoimmunes qui évoluent pour leur propre compte. De ce fait, autonomie et pronostic vital ne sont pas compromis par le vitiligo.


Comment se fait le Diagnostic ?

Le diagnostic du vitiligo est clinique, c’est-à-dire établi après un examen minutieux. Il n’existe aucun critère biologique spécifique. L’examen en lumière de Wood permet de mieux observer les taches de vitiligo mais surtout d’apprécier si le déficit mélanocytaire est partiel ou total. Parfois le recours à une biopsie cutanée est utile pour le différencier d’autres lésions associées à une anomalie de la coloration de la peau. Elle montre alors une absence de pigment mélanique et de mélanocytes dans la peau atteinte de vitiligo. Dans la plupart des cas, cette biopsie n’est pas nécessaire.
Des examens para cliniques (prélèvement de sang) peuvent être demandés en vue de rechercher des maladies associées telles que :
. Anémie
. Dérèglement de la glande Thyroïde
. Maladie auto-immune (titre des anticorps antinucléaires (AAN).


Traitement et Prévention

Il n’existe pas de traitement qui guérisse définitivement du vitiligo. Le rôle des mesures thérapeutiques est de stimuler la prolifération des mélanocytes encore présents au niveau des réservoirs épidermiques.
Différentes méthodes de traitement existent dont le principal résultat attendu est la recoloration des plaques de dépigmentation soit en stimulant la prolifération des mélanocytes encore en place (photothérapie, traitements locaux) soit en apportant des mélanocytes prélevés sur une zone saine (greffe mélanocytaire).

# La repigmentation, un traitement visant à rétablir la pigmentation dans les zones touchées, offre une autre option thérapeutique aux personnes atteintes de vitiligo. Les moyens existants incluent :
- Les dermocorticoïdes et les immunosuppresseurs en application locale sont indiqués essentiellement dans les vitiligos peu étendus. Ils agissent en diminuant l’activité du système immunitaire, ce qui a pour effet d’enrayer la disparition des mélanocytes. Ils doivent être appliqués une fois par jour pendant plusieurs mois. Les effets locaux des corticoïdes ne doivent pas être méconnus. Ils peuvent induire un amincissement et une fragilité (atrophie) de la peau en usage local prolongé.

- La photothérapie UVB (rayons ultra violets de type B) sélective tend de plus en plus à être le premier traitement proposé pour le vitiligo généralisé. Elle stimule les mélanocytes uniquement par action des UVB de spectre étroit.
- La photochimiothérapie orale ou puvathérapie associe des psoralènes, substances qui stimulent la formation de mélanine sous l’action de la lumière, et les rayons ultra violets de type A (les UVA). Elle est de moins en moins utilisée en raison de ses nombreux effets secondaires.

- La photochimiothérapie locale utilise les psoralènes directement sur la peau et le soleil. Elle est de moins en moins utilisée car elle s’accompagne constamment d’incidents ou d’accidents phototoxiques (dus à la lumière) et parfois d’aggravation du vitiligo.

- Les greffes de mélanocytes autologues : les mélanocytes du sujet lui-même sont prélevés de zones normalement pigmentées et greffées en des zones dépigmentées. Ces méthodes sont de pratique très limitée. Elles restent des mesures d’exception et les résultats esthétiques, qui dépendent du type de vitiligo, ne sont pas toujours satisfaisants car la repigmentation obtenue n’est pas toujours homogène.

# La Dépigmentation
- La dépigmentation complète est une technique qui peut être proposée pour traiter les quelques zones pigmentées résiduelles au cours des vitiligos généralisés (universalis). Elle a un caractère définitif sans possibilité de repigmentation ultérieure.

# Le soutien psychologique

IL est très important. D’une part, le préjudice esthétique est souvent très mal vécu du fait du retentissement social. En effet le regard des autres, voire leur rejet sont très difficiles à vivre. Dans certaines communautés le vitiligo est assimilé à la lèpre.


Autres Moyens

- Le maquillage s’appariant à plusieurs teints différents est un moyen efficace de recouvrir les plaques blanches, en plus d’être sans danger pour tous, y compris les enfants.

- Les teintures peuvent être employées pour colorer la peau d’une couleur qui ressemble davantage à celle des régions non touchées. Certains produits autobronzants donnent à la peau une teinte bronzée sans que les mélanocytes se trouvant dans la peau produisent de mélanine. Le bronzage disparaît au bout d’un certain temps et le traitement doit être répété. Par ailleurs, le tatouage de micropigments est utile pour les petites taches blanches causées par le vitiligo.


La prévention

Il n’existe aucun moyen de prévention du vitiligo. Cependant, dans le cadre du vitiligo vulgaire, éviter des frictions énergiques peut prévenir l’extension de la dépigmentation qui est toujours redoutée.


CONCLUSION

Le vitiligo ne se guérit pas et il n’existe aucune méthode pour prévenir sa survenue. Le soutien émotionnel constitue un autre aspect important du traitement. En effet, des consultations régulières chez le dermatologue et la participation à des groupes de soutiens peuvent aider à s’adapter aux conséquences de la maladie.


Mélina Ouédraogo

One thought on “Vitiligo : le regard voire le rejet des autres sont très difficiles à vivre

  • 25 juin 2021 à 22h31
    Permalink

    Comme prévention ,éviter de se doucher avec l’eau chaude!

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

quatre × 2 =