Cancer de la prostate: « Plus vous vieillissez, plus vous présentez des risques de l’avoir», Dr Wilfried Mossé
Deuxième cancer de l’homme en termes de fréquence et de mortalité, le cancer de la prostate est une tumeur maligne développée à partir des cellules de la prostate. Comment se manifeste-t-il ? Pourquoi les personnes âgées sont plus enclines à le contracter? Réponses avec Dr Wilfried Mossé, oncologue radiothérapeute au service de radiothérapie de Bogodogo.
Qu’est-ce que la prostate ?
La prostate est une glande qui est située sous la vessie, au niveau du col de la vessie. Elle fait environs 4cm sur 4cm. Son rôle est de produire un peu de liquide séminal qui accompagne les spermatozoïdes et de produire également, l’antigène spécifique de la prostate (PSA) qui va fluidifier le sperme. Avec l’âge, cette glande devient le siège d’une hypertrophie, elle grossi. La plupart du temps, les gens confondent cette hypertrophie de la prostate qui est une tumeur totalement bénigne qui n’engage pas le pronostic vital du patient avec le cancer de la prostate qui lui engage le pronostic vital du patient.
A quel âge survient-il ?
L’âge moyen, c’est autour de 70 ans, mais il y a des cas où vous verrez également des patients de 50 ans faire d’authentique cancer de la prostate. Mais si une personne de moins de 50 ans fait le cancer de la prostate, c’est qu’elle présente probablement une condition génétique comme facteur de risque. Il faut savoir qu’au niveau des cellules, il y a des gènes qui sont censés protéger le patrimoine génétique. Si parmi ces gènes, il y a un qui est muté, le patient est susceptible de développer des cancers parce son patrimoine génétique a été modifié.
Pourquoi les personnes âgées sont plus disposées à contracter le cancer de la prostat?
Il faut dire que globalement, tout ce qui est cancéreux est lié aussi au vieillissement. Plus vous êtes jeune, plus tout fonctionne assez bien chez vous, en dehors des gens qui vont avoir des prédispositions génétiques et ceux qui sont exposés à des facteurs de risques cancérigènes.
Quels sont les facteurs de risques ?
– Le principal facteur de risque, c’est l’âge : plus vous vieillissez, plus vous présentez des risques d’avoir le cancer de la prostate. Des études sur des patients âgés décédés ont prouvé que 100% des hommes d’environ 90 ans auront toujours des débuts de cancer de la prostate. Chez des personnes âgées d’au moins 80 ans, la moitié a toujours des cellules cancéreuses,
– Les prédispositions génétiques,
– Le tabac, l’obésité, la sédentarité, mais ce sont des facteurs assez mineurs.
Comment se manifeste la maladie ?
Le cancer de la prostate est beaucoup plus silencieux que l’hypertrophie bénigne. Parfois, il ne présente pas de symptômes. Mais il peut se manifester par :
– Des symptômes urinaires à type de brulures lors de la mixtion, à type de rétention d’urines,
– Du sang dans les urines ou le sperme,
– Quand la maladie est vraiment avancée, elle peut toucher la vessie, le rectum, les tissus avoisinants,
– Si elle est très localement avancée, la personne peut se plaindre de constipation : à ce stade, elle a atteint le rectum qui n’arrive plus à travailler fonctionner correctement,
– La personne peut avoir une insuffisance rénale du fait que tout est « bouché » : les urines ne passent plus, créant des problèmes au niveau du rein,
– Des œdèmes des membres inférieurs,
– Mais si la maladie est métastatique, l’os peut être atteint. Le patient va se plaindre de douleurs osseuses.
Les signes vont se manifester en fonction de l’organe atteint.
Le cancer de la prostate est-il mortel ?
Chaque fois qu’on dira que c’est un cancer, c’est potentiellement mortel. Si rien n’est fait, inexorablement, ça va tuer la personne.
Propos recueillis par Yvonne Ouédraogo