Burkina Faso : Des journalistes et des nutritionnistes discutent à bâtons rompus

Le ministère de la Santé et de l’hygiène publique par le biais du Secrétariat technique chargé de la multisectorialité pour la nutrition, a organisé une rencontre d’échanges avec des journalistes et des communicateurs sur les enjeux de la nutrition au Burkina Faso, le vendredi 3 mai 2024 à Ouagadougou. L’objectif de cette rencontre était de discuter avec les professionnels des médias des orientations vers des sources d’information fiables en matière de nutrition.

Selon les organisateurs de l’atelier, de nombreuses informations erronées circulent dans le domaine de la nutrition et de l’alimentation, y compris dans les médias. Des personnes non qualifiées se retrouvent parfois sur les plateaux de télévision et dans les émissions radio, improvisant et diffusant même des contre-vérités. Ella Compaoré, Secrétaire Technique chargée de la multisectorialité pour la nutrition, a déclaré : « Il n’est pas rare de voir des invités sur les plateaux télé parler de la nutrition sans maîtriser le sujet… Beaucoup diffusent des informations contenant des erreurs. »

Ella Compaoré, Secrétaire Technique chargée de la multisectorialité pour la nutrition

Pourtant, il s’agit d’informations sensibles qui doivent être traitées avec le plus grand soin et la plus grande exactitude. La désinformation dans le domaine de la nutrition peut entraîner de mauvaises pratiques et avoir de graves répercussions sur la santé des citoyens.

Selon Ella Compaoré, diffuser de fausses informations peut créer une psychose vis-à-vis de certains aliments pourtant bénéfiques pour l’organisme, entraîner une stigmatisation de certains produits ou permettre à certaines plateformes de valoriser leurs produits de manière trompeuse. C’est pourquoi elle a appelé les journalistes à faire preuve de rigueur dans le choix de leurs invités pour les plateaux télé et radio, et à toujours se tourner vers le ministère de la Santé pour obtenir des informations exactes et faire appel à des professionnels qualifiés.

Les journalistes, acteurs principaux de cette démarche, ont salué cette initiative. Irma Dembélé, journaliste à l’Observateur Paalga, a déclaré : « L’atelier auquel nous avons participé a été d’un intérêt capital. J’ai appris beaucoup de choses concernant la malnutrition, certains aliments et certains préjugés à leur égard. Cela nous a éclairés sur certains aspects de la nutrition. »

Irma Dembélé, journaliste à l’Observateur Paalga

Erwan Compaoré, journaliste à Lefaso.net, a également salué cette initiative novatrice. Selon lui, la formation a été très enrichissante pour les journalistes, mais il a souligné que cette situation était en partie due au silence des professionnels de la nutrition et de la santé en général face aux sollicitations des journalistes.

Erwan Compaoré, journaliste à Lefaso.net

Il estime que si des personnes peu qualifiées sur le sujet de la nutrition se retrouvent souvent sur les plateaux télé et radio, c’est parce que les véritables professionnels sont réticents à répondre aux sollicitations des médias. De plus, il a souligné que les professionnels de la nutrition sont en partie responsables de la situation, en raison de l’absence d’une organisation à leur niveau.

« Il va falloir qu’ils essaient de se réorganiser. Ils l’ont eux-mêmes dit, il n’y a pas d’ordre de nutritionnistes. Pourtant, en ce qui concerne un certain nombre de corps, que ce soit les avocats, que ce soit les médecins, vous allez voir qu’ils sont constitués et organisés en ordre. Ça fait qu’on ne peut pas s’incruster facilement dans leur métier sans être récupéré par les professionnels de l’ordre. Donc, ça pose aussi le problème chez eux et ça les invite à beaucoup plus se professionnaliser. » a-t-il conclu.

Abdoul Rachid Sow

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