Morsure de serpent : les premiers gestes qui peuvent sauver des vies

Face aux nombreuses morsures de serpent au Burkina Faso, particulièrement dans les zones rurales, savoir réagir rapidement peut sauver des vies. Entre gestes d’urgence, complications possibles, et difficultés d’accès aux antivenins, cet article explore les étapes à suivre pour minimiser les risques avant d’arriver à l’hôpital, tout en mettant en lumière les mesures de prévention essentielles pour éviter ces accidents fréquents.

Dr Arouna Gnamou, médecin infectiologue

Les morsures de serpent sont une urgence médicale, mais la réaction immédiate des personnes présentes peut faire toute la différence avant l’arrivée à l’hôpital. Le premier réflexe essentiel est de rester calme, comme l’explique le Dr Arouna Gnamou, médecin infectiologue. La panique peut en effet accélérer la fréquence cardiaque, ce qui favorise la propagation rapide du venin dans le corps. Il est crucial d’immobiliser le membre mordu, en le maintenant au niveau du cœur ou légèrement en dessous. Contrairement à certaines croyances populaires, il est déconseillé d’appliquer un garrot (bande ou cordon qu’on attache très serré autour d’un bras ou d’une jambe pour stopper le sang) ou de couper la plaie, car ces actions peuvent aggraver la nécrose locale, c’est-à-dire quand les cellules d’une partie du corps meurent. Une fois les gestes d’urgence effectués, il est impératif de conduire la victime à l’hôpital le plus rapidement possible. Toute morsure de serpent, même si elle semble mineure, doit faire l’objet d’une observation médicale de six heures minimums. Cela permet de surveiller l’évolution des symptômes, de détecter tout signe de complication et d’administrer un traitement approprié si nécessaire. Les symptômes peuvent évoluer et des complications graves peuvent survenir même si la morsure ne semble pas immédiatement sévère.

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Même avec une prise en charge médicale rapide, les morsures de serpent peuvent entraîner des complications graves. Le Dr Gnamou souligne que des infections secondaires peuvent survenir, ainsi que des nécroses tissulaires qui peuvent nécessiter des amputations. D’autres complications incluent des problèmes de coagulation sanguine, une insuffisance rénale, une paralysie des muscles respiratoires, voire un choc anaphylactique (réaction allergique sévère et rapide qui peut mettre la vie en danger) en réaction au venin.

Le traitement principal consiste en l’administration d’un antivenin spécifique, qui neutralise les effets du venin. Bien que cet antivenin soit disponible au Burkina Faso et subventionné par l’État à un prix de 2 000 FCFA, son accès reste limité dans certaines régions rurales selon le spécialiste. En plus de l’antivenin, les soins incluent la gestion de la douleur, le traitement des saignements, et la surveillance des fonctions vitales, ainsi que des soins chirurgicaux si nécessaire.

Pour prévenir les morsures de serpent, Dr Gnamou recommande de prendre plusieurs précautions, en particulier dans les zones à risque. Le port de bottes et de pantalons longs, l’utilisation d’une lampe torche la nuit, et surtout éviter de marcher pieds nus, sont des mesures simples mais efficaces. Il est aussi essentiel de maintenir l’environnement propre et dégagé autour des habitations pour éviter de créer des abris pour les serpents. De plus, il est prudent de ne jamais mettre les mains dans des trous ou sous des pierres en brousse, car les serpents aiment se cacher dans des endroits sombres et confinés. En suivant ces mesures, les populations peuvent réduire considérablement les risques de morsures et éviter des situations potentiellement mortelles.

Madina Belemviré

 

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