Grossesses des adolescentes : Les médias invités au front pour défendre les droits des jeunes filles

À Ouagadougou, le Centre de recherche sur la population et la santé en Afrique (APHRC) et l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) ont réuni les journalistes pour un échange décisif autour des droits en santé sexuelle et reproductive. Les médias, véritable caisse de résonance, sont appelés à sensibiliser sur les grossesses des adolescentes et leurs impacts, afin de briser les tabous.

Les grossesses des adolescentes, un sujet qui dérange, mais qu’il faut affronter avec courage et détermination. Vendredi 29 novembre 2024, l’APHRC et l’ISSP ont tendu la main aux journalistes pour leur confier une mission essentielle : sensibiliser, informer et rallier les communautés autour des droits en santé sexuelle et reproductive.

Selon les résultats d’une étude menée en 2021, que l’APHRC en collaboration avec l’ISSP ont mené, les chiffres sont préoccupants.

Pour l’année scolaire 2017-2018, plus de 700 grossesses ont été enregistrées dans l’enseignement post-primaire et secondaire, et plus de la moitié concernait des filles âgées de 15 à 18 ans. Mais au-delà des statistiques, ce sont des vies brisées, des rêves abandonnés, des jeunes filles poussées hors des bancs de l’école et souvent hors de leurs propres foyers.

Le tableau dressé n’est pas reluisant. Des adolescentes exclues du système scolaire, rejetées par leur entourage ou condamnées par la société. Certaines finissent à la rue ou dans des centres d’accueil. D’autres, faute de moyens pour faire garder leurs enfants, ne peuvent pas retourner à l’école, malgré des lois prônant leur maintien dans le système éducatif. Et les conséquences de cette marginalisation s’étendent sur des années. Des perspectives d’avenir réduites, une autonomie compromise, une pauvreté quasi inévitable.

Pourtant, ce combat n’est pas perdu d’avance. Et les médias, par leur pouvoir d’influence, sont au cœur de la solution. En mettant en lumière ces réalités, en donnant une tribune à ces jeunes filles et en interpellant les décideurs politiques, ils peuvent changer le cours des choses. C’est justement ce que souhaitaient les organisateurs de cette rencontre.

« La grossesse adolescente ne devrait pas être une condamnation à l’oubli », a souligné le Dr Ramatou Ouédraogo, anthropologue et chercheure au cours des échanges. Les textes juridiques qui existent pour protéger les adolescentes, soutient-elle, doivent être accompagnés de mesures concrètes. Mais pour que ces changements s’opèrent, il faut d’abord que l’opinion publique soit informée et sensibilisée.

Dr Ramatou Ouédraogo, anthropologue et chercheure

Le rôle des journalistes dépasse donc la simple transmission d’informations. Ils deviennent des agents de transformation sociale, des voix pour celles que l’on préfère souvent ignorer. Par leurs reportages, leurs enquêtes et leurs tribunes, ils ont la capacité de bousculer les mentalités, de questionner les normes et de faire avancer des politiques publiques inclusives.

Cette rencontre n’était donc pas qu’un échange. C’était un appel. Un appel à l’action, un appel à la responsabilité. Parce que derrière chaque chiffre, il y a une jeune fille, un avenir en suspens. Les médias, en racontant leurs histoires, peuvent changer leur destin, et par ricochet, celui de toute une société.

Madina Belemviré

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