Sexualité: « Il ne faut pas confondre éjaculation et orgasme », (Dr Sama)

L’orgasme masculin peut être défini comme une sensation de plaisir intense correspondant au summum de l’excitation sexuelle aboutissant généralement à une éjaculation suivi d’une période de latence qui est variable selon les individus. Cette période de latence est généralement accompagnée d’une envie de dormir ou d’un sommeil à cause de la sécrétion accru d’une hormone qu’est la prolactine après l’orgasme. Quels sont les différents types d’orgasme ? Pourquoi certains hommes n’arrivent pas à atteindre l’orgasme ? Les réponses avec notre spécialiste des parties intimes du corps humain, le Dr Panba Sama, médecin urologue andrologue.

 Fréquence et durée de l’orgasme masculin
La durée d’un orgasme normal est variable d’un individu à l’autre, de l’ordre de quelques secondes, en moyenne 10 secondes. Cet orgasme survient une seule fois au cours d’un rapport sexuel normal aboutissant à une seule éjaculation. A la différence de la femme qui peut avoir plusieurs orgasmes au cours du même coït.

 Différence entre éjaculation, orgasme et jouissance
L’éjaculation est un mécanisme physique qui implique tout un processus. Ce phénomène va provoquer un autre stimulus qui va déclencher l’orgasme qui va être ressenti au niveau du cerveau. Généralement, l’éjaculation précède l’orgasme à quelque dixième de seconde près. Il y a des gens qui peuvent avoir une éjaculation sans avoir d’orgasme. Ça peut être dû à une douleur qui accompagne l’éjaculation. Par contre difficile de faire la part des choses entre jouir qui se rapporte habituellement à l’orgasme sexuel. Mais il faut retenir que de façon générale, le terme jouissance désigne le fait d’avoir une satisfaction ou de tirer profit, d’une situation, de quelque chose ou de quelqu’un. Toutefois, ce n’est pas parce qu’un homme a éjaculé forcément qu’il a jouit.

 Les différents types d’orgasmes masculins
L’orgasme normal est celle définie plus haut. Cet orgasme peut être perturbé chez certains hommes aboutissant à des anomalies appelées dysfonctions orgasmiques :
• L’anorgasmie : qui est l’incapacité pour un homme d’atteindre l’orgasme. Elle est généralement associée d’une anéjaculation (absence d’émission de sperme) et aux causes qui vont avec.
 Causes psychogènes : dans ce cas l’éjaculation est inhibée sur le plan psychologique,
 Causes congénitales : comme les kystes congénitales obstruant les canaux éjaculateurs….,
 Causes neurogènes comme dans les neuropathies diabétiques,
 Causes médicamenteuses : antidépresseurs par exemple, l’alcool aussi peut être une cause de l’anorgasmie.
L’anorgasmie peut aussi être due à une lésion médullaire post traumatique. Dans ce cas la personne peut éjaculer mais sans aucun plaisir (éjaculation reflexe).

• L’orgasme d’intensité réduite  : elle traduit une sensation réduite et altérée du plaisir lors de l’orgasme. La cause peut être une chirurgie prostatique ou pelvienne ayant altéré les voies nerveuses locales. Ou une éjaculation rétrograde (quand le sperme repart dans la vessie après l’éjaculation au lieu de sortir normalement), ou encore une éjaculation ˮbaveuseˮ ou ‘’asthénie éjaculatoire’’ (normalement au cours de l’éjaculation le sperme sort avec une certaine vigueur. Il y a une contracture des muscles au niveau périnéal et ça augmente le plaisir. Mais il y a certains hommes qui n’ont pas cette tonicité, la personne ne sent pas ces contractions. Souvent même après le rapport sexuel, le sperme continue à couler ).

• Certains médicaments, drogues voir l’alcool peuvent modifier l’orgasme dans un sens comme dans l’autre. Les antidépresseurs, antiépileptiques héroïne peuvent diminuer l’intensité de l’orgasme. Tandis que la sildénafil (viagra) peut améliorer l’orgasme.

• L’orgasme douloureux appelé odynorgasmie : défini comme une douleur diffuse de siège variable (région pelvienne, rachis, voir céphalées) survenant au cours de l’orgasme ou immédiatement après orgasme. Les causes sont variables.
 Causes infectieuses : prostatite, épididymite ;
 Cause neurologique : une section incomplète de la moelle épinière, syndrome de la moelle épinière bas insérée, certaines myélopathies cervicale, la sclérose en plaque appelée SEP…..

• L’orgasme multiple non désiré  : il est défini comme un orgasme anormalement répété et en dehors de toute stimulation sexuelle. La cause peut être liée à une défaillance du rétro contrôle de l’orgasme induit par la prolactine, ou à une infection des glandes sexuelles accessoire masculines.

 Avez-vous déjà reçu des cas de ce genre ?
Il y a des patients qui viennent souvent consulter pour une éjaculation rétrograde, surtout ceux qui ont subi une intervention. C’est un nouveau phénomène qui perturbe toute leur sexualité. Du coup, pendant l’éjaculation ils sont stressés et ils n’ont plus d’orgasme.
Il y a des gens qui viennent aussi parce qu’ils n’éjaculent pas du tout. Ils peuvent faire 45 minutes, 1h sans éjaculer. Naturellement ils ne peuvent plus avoir d’orgasme.
Certains patients aussi consultent pour des douleurs orgasmiques, c’est-à-dire pendant l’orgasme ou après ils ont vraiment très mal : soit des céphalées intenses, soit des douleurs au bas ventre…

 Conséquences des anomalies de l’orgasme
Sur le plan psychologique la personne peut avoir une perte d’estime de soi, elle n’est pas épanouie sur le plan sexuel et cela peut se répercuter sur la qualité de l’acte.
Les conséquences aussi sont liées aux causes.

 Solutions pour y remédier
Le traitement dépend de la cause :
• Quand c’est une anorgasmie, il faut chercher à savoir ce qui est à l’origine parce que souvent on recherche la cause mais on ne la trouve pas, donc c’est difficile de traiter,
• Si c’est parce que la personne n’éjacule pas du tout, il faut rechercher la cause,
• Si c’est lié à une infection, on traite l’infection…
• Il y a un autre volet psychologique qui fait appel à un psychologue

 Conseils aux hommes
S’il y a un phénomène nouveau qui apparait dans votre sexualité, il faut chercher à consulter. Le danger c’est de laisser perdurer et de se replier sur soi. Après ça devient un cercle vicieux. Souvent vous allez régler le problème sur le plan physique mais si sur le plan psychologique ce n’est pas réglé ça va toujours perdurer. En discuter avec sa partenaire et chercher à voir un spécialiste.

Madina Belemviré