À la rencontre des communautés : La clinique mobile qui change la donne au marché de Missebo
Du 19 au 21 juin 2024, l’Unité de partenariat de Ouagadougou (UCPO), en collaboration avec Population Council, a organisé à Cotonou, un atelier régional d’orientation des journalistes sur l’utilisation de la recherche dans le domaine des Droits en Santé Sexuelle et Reproductive/Planification Familiale (DSSR/PF). Au dernier jour de l’atelier, une sortie terrain a été organisée par l’UCPO à la clinique mobile, avec une activité de mobilisation sociale menée auprès des femmes du marché de Dantokpa.
Vendredi 21 juin 2024 à Cotonou. Il est 10h45 quand nous arrivons au marché de Missebo, un jour de marché où l’affluence est différente des autres jours. Le ciel est nuageux et un air frais souffle sur nos visages. Jeunes, adolescents, enfants, hommes et femmes vaquent à leurs occupations. Certains vendent de l’eau, d’autres de la nourriture, des noix de coco, et surtout de la friperie, car le marché de Missebo est réputé pour cela.
Au loin, une tente est dressée avec des chaises blanches où des gens sont assis avec la musique qui résonne. Une banderole pend devant la tente et sous la tente, des jeunes jouent au babyfoot. Non loin, un camion blanc porte l’inscription « clinique mobile avec services intégrés » et un attroupement d’hommes et de femmes s’y trouve devant chaque cabine, l’une pour les femmes et l’autre pour les hommes.
Que se passe-t-il exactement? C’est une campagne d’offre gratuite de services de contraception, dépistage des lésions précancéreuses du col de l’utérus et du cancer du sein, dépistage du VIH et des infections sexuellement transmissibles, consultation gynécologique et conseils, organisée par l’Association béninoise pour la promotion de la famille (ABPF), nous informe Mme Viviane, sage-femme diplômée d’État et coordinatrice de la région sud de l’ABPF. Elle explique que beaucoup de personnes n’ont pas le temps de se rendre à l’hôpital pour se faire soigner ou dépister. Certaines attendent d’être malades avant de s’y rendre. « Nous amenons donc la clinique mobile vers la communauté pour permettre à tous de bénéficier de ces services », confie-t-elle.
Esther Atta, animatrice des jeunes à l’ABPF, nous parle de la phase préalable à toute consultation : la sensibilisation. « Nous utilisons des supports adaptés à l’âge et abordant des thématiques comme la santé sexuelle et reproductive, les violences basées sur le genre, les infections sexuellement transmissibles pour sensibiliser ceux qui viennent avant de les orienter vers le camion qui sert de clinique mobile », explique-t-elle. Des dépliants sur les méthodes contraceptives et les lois sur la santé sexuelle et reproductive sont également distribués aux participants et passants. « Nos activités ne se limitent pas à la terre ferme, nous allons aussi sur l’eau, équipés de gilets de sauvetage pour sensibiliser », ajoute-t-elle.
L’affluence ne désemplit pas, et les hommes semblent plus mobilisés que les femmes. « Certains groupes de femmes préfèrent venir la nuit pour éviter la stigmatisation » explique Agoumba Marie Geneviève, responsable des services à base communautaire. Les jeux ludiques installés par l’ABPF attirent également les jeunes, un succès stratégique pour occuper ceux qui attendent leur tour, comme cet homme dans la trentaine, 71e sur la liste d’attente. « Je suis venu pour faire le test de dépistage du VIH. En attendant mon tour, je joue au babyfoot », a-t-il dit, soutenant qu’il fera tout ce qu’il faut car c’est gratuit.
Cette affirmation est confirmée par la vice-présidente des vendeurs de Missebo, Chodaton Anastasie venue se faire dépister. « Ici, c’est zéro franc CFA, contrairement aux cliniques où il faut payer beaucoup. » À la question de savoir si elle a déjà utilisé une méthode contraceptive, elle a assuré que la planification familiale n’a jamais été une option pour la simple raison qu’au moment où elle enfantait toujours, son mari voyageait souvent et pouvait faire deux ans avant de rentrer.
Soutien local et continuation des soins
Pour assurer la continuité des soins, la campagne implique le soutien local, avec des références vers les centres de santé pour des cas plus complexes comme les femmes qui présentent des lésions précancéreuses. « Les femmes suspectées de cancer du sein ou de lésions précancéreuses du col de l’utérus sont référées vers des centres compétents, mais les coûts restent à leur charge », a noté Mme Agoumba Marie Geneviève.
Cet atelier régional illustre l’importance de la collaboration entre les journalistes et les chercheurs pour démystifier les données de recherche et promouvoir la santé sexuelle et reproductive. En apportant les services de santé directement aux communautés, les initiatives comme celle-ci permettent d’améliorer l’accès aux soins et d’encourager des pratiques de santé positives.
Alors que la journée avançait, la clinique mobile continuait d’accueillir de nouveaux arrivants, offrant un espoir tangible pour une meilleure santé sexuelle et reproductive pour tous.
Madina Belemviré