Accoucher avec dignité : Exigez vos droits en maternité

Les soins maternels et néonataux respectueux englobent un ensemble de mesures visant à assurer le bien-être physique et émotionnel des femmes et de leurs nouveau-nés dès leur arrivée à la maternité jusqu’à leur sortie. Malheureusement, certaines femmes qui accouchent dans les maternités n’ont pas une expérience positive et en ressortent souvent meurtries, voire fâchées contre le personnel soignant en raison du traitement reçu. Pourtant, les soins maternels et néonataux respectueux sont organisés autour des droits des patientes, droits que certaines femmes ne connaissent pas.

Selon le Pr Blami Dao, gynécologue obstétricien, les femmes ont le droit de recevoir un traitement respectueux et bienveillant dès leur arrivée dans une structure de santé. Elles ont également droit à une information complète sur leur état de santé et le déroulement de leur accouchement. Par exemple, si un agent de santé examine une femme enceinte et constate que le travail a commencé mais qu’il va encore durer, il a le devoir de l’informer. Le mari, souvent inquiet et attendant à l’extérieur, doit aussi être tenu au courant de l’évolution de la situation.

La confidentialité des informations médicales est un autre droit fondamental. Toute information partagée par la femme avec son médecin ou sa sage-femme doit rester confidentielle. Même les collègues du personnel médical ne doivent pas y avoir accès s’ils ne sont pas directement impliqués dans les soins de la patiente. Chaque femme, quelle que soit sa condition économique ou sociale, a le droit de recevoir des soins de la meilleure qualité possible, sans discrimination. « Ce n’est pas parce qu’une femme est arrivée avec un pagne délavé qu’elle n’a pas droit aux mêmes soins qu’une femme vêtue d’un basin richement brodé. Toutes doivent être traitées sur un pied d’égalité, sans distinction aucune », souligne le Pr Dao.

Les femmes doivent aussi être protégées contre toute forme de violence verbale, morale ou physique pendant leur séjour à la maternité. « Un agent de santé n’a pas le droit d’insulter, de crier sur une femme qui accouche  ou lui porter main», rappelle le Pr Dao qui note au passage que le droit à la liberté est également essentiel. « Je suis allée visiter une maternité dans un pays voisin et j’ai vu des femmes qui avaient accouché depuis quelque temps. Quand j’ai demandé pourquoi elles n’étaient pas sorties, on m’a dit qu’elles n’avaient pas payé et qu’elles étaient retenues comme en prison », raconte le Pr Dao qui soutient que cela est contraire aux soins maternels et néonataux respectueux.

Pr Blami Dao, gynécologue obstétricien

Pourtant, lorsqu’ils sont correctement appliqués, les soins maternels et néonataux respectueux ont de nombreux avantages. Ils réduisent les complications médicales, augmentent la satisfaction des patientes et encouragent une meilleure adhésion aux soins. « Quand les femmes sont bien traitées, elles suivent plus volontiers les recommandations médicales, ce qui diminue les risques pour leur santé et celle de leur enfant », explique le Pr Dao. Il souligne également qu’il y a des maternités ou toutes les femmes enceintes veulent voir la même sage-femme. « Ce n’est pas parce qu’elle est la plus compétente, mais parce qu’elle traite les patientes avec respect et empathie», a-t-il affirmé

La promotion de soins maternels et néonataux respectueux nécessite une sensibilisation continue et un engagement ferme pour faire respecter ces droits fondamentaux. La sensibilisation doit toucher aussi bien les femmes que leurs familles. « Si vous allez dans une maternité et que vous êtes maltraitée, il faut élever la voix et refuser ce traitement », insiste le Pr Dao. Les associations féminines doivent donner aussi de la voix pour sensibiliser et défendre ces droits, garantissant ainsi une meilleure qualité de vie pour toutes les femmes enceintes et leurs nouveau-nés. « Quand on entre dans une maternité, c’est avec un enfant vivant. On doit en sortir en bonne santé avec un enfant vivant et en bonne santé », conclut-il.

Madina Belemviré

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