Aphrodisiaques: Le surdosage peut provoquer un arrêt cardiaque et une érection prolongée douloureuse (Dr Savadogo)

L’utilisation des produits dits aphrodisiaques (pharmaceutiques comme traditionnels) prend de plus en plus de l’ampleur au Burkina Faso. Ces substances prisées par des jeunes, des vieux et même des adolescents pour « satisfaire leurs désirs et performances sexuels sont-elles sans dangers? Que faire pour avoir une bonne libido? Dr Saybou SAVADOGO, pharmacien toxicologue au Laboratoire National de Santé Publique répond aux questions de Bulletin santé. 

Quelle est votre appréciation par rapport à ces produits ?

Il faut dire qu’un aphrodisiaque désigne toute substance censée attiser le désir et l’excitation sexuelle. Le terme est issu d’Aphrodite, déesse de la germination, de l’amour, des plaisirs et de la beauté dans la mythologie grecque. Ces produits sont supposés stimuler la libido, favoriser l’intensité de l’orgasme, faciliter l’érection des hommes, ou encore augmenter les performances sexuelles soit chez l’homme ou chez la femme.

Nous n’avons pas de chiffres, mais l’utilisation des aphrodisiaques prend de plus en plus de l’ampleur. À travers les rues, les marchés et les officines, plusieurs variétés des produits aphrodisiaques « traditionnels et modernes » sont exposées.

Est-ce dangereux pour la santé ?

Si l’efficacité des produits aphrodisiaques n’a jamais été prouvée scientifiquement, ces derniers peuvent néanmoins avoir des répercussions graves sur la santé des personnes qui les utilisent, notamment ceux ayant une action vasodilatatrice (qui permet de dilater les vaisseaux sanguins en relâchant les muscles lisses des parois des vaisseaux).

Comme tout médicament, leur consommation a des conséquences néfastes au fil du temps sur la santé ou peut être contre-indiqués chez certaines personnes (cas d’infarctus du myocarde récent, d’accident vasculaire cérébral, d’angine de poitrine, de troubles du rythme cardiaque, d’hypertension artérielle non contrôlée ou d’insuffisance cardiaque sévère, insuffisance rénale).

Que risquent les consommateurs de ces produits ?

Les risques sont à deux nivaux:

– Primo : « L’utilisation de ces produits peut causer des violences contre la femme, parce que quand l’homme en prend il devient hyper performant et si la femme refuse de continuer l’acte sexuel il y a risque de susciter une agression ou une rancune dans le couple marié ou non marié »

– Secundo : les effets indésirables sont multiples:

Plusieurs effets indésirables plus ou moins fréquents ont été observés chez les utilisateurs des aphrodisiaques :

– Effets indésirables fréquents : à type de maux de tête, rougeur du visage, nez bouché.

– Effets indésirables peu fréquents : à type de vertiges, douleur dorsale, somnolence, sinusite, vision trouble, bouffées de chaleur, essoufflement à l’effort, accélération du cœur, palpitations, anomalie de l’électrocardiogramme trouble des marqueurs du foie ( transaminases).

– Effets indésirables rares : éruption cutanée, somnolence, diminution de la sensibilité au toucher, douleur musculaire, douleur oculaire et yeux rouges, palpitations, vomissements, nausées, bouche sèche, fatigue, douleur dans la poitrine, malaise, saignement de nez, diminution ou perte subite de l’audition, infarctus du myocarde, troubles du rythme cardiaque, réaction allergique, convulsions,

En cas de surdosage des effets indésirables plus graves peuvent survenir tels :

– Une baisse importante ou au contraire augmentation de la pression artérielle,
– Une érection prolongée douloureuse appelée priapisme,
– Un arrêt cardiaque.

Des conseils à l’endroit des populations

Le premier geste fondamental pour retrouver de la libido est de prendre soin de soi, et non de sa libido. Par exemple, on peut :

– Améliorer la qualité du sommeil ;

– Pratiquer une activité physique régulière ;

– Se réserver quelques moments de détente ;

– La règle d’or est de s’occuper de soi pour que la libido revienne, et non pas s’occuper de sa libido pour qu’elle revienne.

Si malgré ces efforts, la libido ne revient pas, n’hésitez pas à consulter un médecin sexologue, urologue ou gynécologue pour vérifier s’il n’existe pas une anomalie médicale.
Il existe en effet certains traitements qui pourront améliorer la libido, en plus de conseils pratiques et psychologiques.

Madina Belemviré