Arthrose : « Elle représente environ 9 sur 10 des patients vus en consultation selon une étude »

L’arthrose est une maladie de toute l’articulation. Elle affecte en premier lieu le cartilage qui recouvre les surfaces articulaires puis l’os en dessous, la membrane synoviale et la capsule articulaire qui l’entoure. L’arthrose est la conséquence d’un excès de pression sur l’articulation entraînant une dégradation des différentes composantes avec production d’une inflammation. Dr Aboubakar Ouédraogo, médecin rhumatologue au Centre hospitalier universitaire régional de Ouahigouya nous entretient sur le sujet. Dr Ouédraogo est également titulaire d’un diplôme universitaire d’échographie osteo-articulaire en rhumatologie et d’un diplôme de rhumatologie de la personne âgée, obtenu à l’Université de la sorbonne à Paris en France.

Qui est touché par l’arthrose ?

L’arthrose est une maladie très fréquente qui augmente avec l’âge. Elle débute dès que la croissance est terminée et peut concerner tout le monde. Elle est plus fréquente chez la femme surtout après la ménopause.

Est-ce fréquent dans nos contrées ? Avez-vous des statistiques ?

Au Burkina Faso, l’arthrose représente environ 9 sur 10 des patients vus en consultation rhumatologique selon une étude publiée en 2022.

Quels sont les différents types d’arthrose ?

Il existe deux types d’arthrose :

  • L’arthrose primitive qui survient sans cause apparente,
  • L’arthrose secondaire qui fait suite soit à une maladie articulaire ou une malformation favorisant la destruction du cartilage.

Quelles sont les plus fréquentes ?

L’arthrose du rachis lombaire (bas du dos) est de loin la plus fréquente. Elle concerne environ 6 patients sur 10 vus en consultation rhumatologique. Ensuite on retrouve l’arthrose des genoux (environ 4 sur 10 patients), puis l’arthrose des mains et des épaules retrouvées chez environ 3 sur 10 patients et viennent les autres sites. Les patients consultent le plus souvent avec plusieurs localisations de l’arthrose à la fois.

Quelles sont les causes de l’arthrose ?

L’arthrose primitive est initiée sous l’influence de plusieurs facteurs de risque, qui se combinent à une susceptibilité propre du cartilage à développer une arthrose chez certains individus. Ces facteurs de risque sont :

Âge : l’arthrose est rare avant quarante ans, sa prévalence augmente fortement après soixante ans.

Le surpoids et surtout l’obésité : l’excès pondéral favorise l’arthrose des articulations portantes (genou, rachis, hanche) ou non (arthrose digitale).

Le syndrome métabolique (combinaison de l’hypertension artérielle, diabète ou insulinorésistance, dyslipidémie et obésité).

L’hérédité : il existe des familles où la prévalence de l’arthrose est bien supérieure à celle de la population générale. Cela se voit notamment dans l’arthrose des mains.

Le sexe féminin : la prévalence de l’arthrose surtout au niveau des doigts et du genou est plus importante chez les femmes, avec une nette différence après la ménopause.

Facteurs locaux : le port de charges lourdes ou l’activité physique comportant des mouvements répétitifs, les activités sportives intenses (de compétition), les microtraumatismes répétés, troubles de l’architecture des membres, congénitaux ou acquis augmentant les contraintes (genou varum ou genou valgum pour la gonarthrose), antécédent de lésions et/ou de chirurgie ménisco-ligamentaires (ligaments croisés et ménisques du genou), une inégalité de longueur des membres supérieur à 2 cm.

Les arthroses secondaires sont causées par toute maladie articulaire au potentiel destructeur (principalement la goutte, infection articulaire, les rhumatismes inflammatoires destructeurs tels que la polyarthrite rhumatoïde ou la spondyloarthrite) ou à une malformation de l’articulation elle-même (ex. : dysplasie de hanche)

Comment elles se manifestent ?

La douleur est le principal motif de consultation, son siège est variable selon la localisation de l’arthrose. Elle survient à la marche, à la station debout prolongée, aux changements de position, à la montée et la descente des escaliers ; elle est soulagée par le repos, ne réveillant pas le malade sauf lors des changements de position. A cette douleur s’associe une raideur de l’articulation qui survient dans certaines positions voire le matin au réveil avec un dérouillage de quelques minutes. Ces symptômes entrainent une gêne fonctionnelle dans la réalisation des différents gestes de la vie quotidienne.

Madina Belemviré

(madinabelemvire@gmail.com)

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