Douleur au dos : « Le malade peut perdre l’usage de ses jambes si elle n’est pas prise en charge tôt », dixit Pr Zabsonré
Douleur située dans la région lombaire, la lombalgie ou mal de dos représente ¾ des patients vus en consultation dans le service de rhumatologie du CHU de Bogodogo. Comment elle se manifeste ? Comment se passe la prise en charge ? Que se passe-t-il si la personne n’est pas prise en charge tôt ? Pr agrégé Wendlasida Joëlle Stéphanie Zabsonré/Tiendrebéogo, rhumatologue au CHU de Bogodogo et Enseignante à l’Université Joseph Ki Zerbo apporte des éléments de réponse.
Comment la lombalgie se manifeste?
Les manifestations seront fonction de la cause:
– Pour la lombalgie commune : le patient consulte pour des douleurs au niveau du bas du dos qui surviennent lors des efforts. Par exemple quand il veut soulever un seau d’eau où une bouteille de gaz, quand il reste debout pendant longtemps. Cette douleur survient également quand le patient reste longtemps assis ou est en position penchée en avant.
– Pour la lombalgie symptomatique : les douleurs se manifestent surtout la nuit au point même de réveiller le patient et peuvent s’accompagner d’une fièvre, d’une perte de poids ou d’autres complications. Dans ce cas, il faut rechercher des signes de gravité qui poussent à faire un certain nombre d’examens pour voir s’il n’y a pas une infection en dessous ou s’il ne s’agit pas d’une pathologie tumorale.
Comment elle évolue ?
Pour ce qui concerne la lombalgie commune, quand le patient est pris en charge correctement, il peut vivre avec son problème sans douleur s’il respecte les mesures d’hygiène rachidienne telles qu’éviter de rester longtemps debout, éviter de rester longtemps assis, éviter de soulever des charges lourdes, éviter la position penchée en avant, dormir sur une literie adaptée.
Par contre en termes d’évolution, pour la lombalgie symptomatique, quand il s’agit d’une infection, le traitement de l’infection peut permettre la guérison. Quand il s’agira d’une affection dans le cadre d’une maladie cancéreuse, la prise en charge se fera aussi en équipe pour obtenir la rémission. Mais si rien n’est fait, on peut avoir une évolution vers une paralysie. Le malade peut perdre l’usage de ses jambes, que ce soit dans le cadre d’une lombalgie commune ou symptomatique.
Comment se passe la prise en charge ?
Nous travaillons beaucoup avec les médecins de rééducation, car il est important que le patient reçoive une éducation thérapeutique.
– Le premier volet c’est le traitement non médicamenteux qui prend en compte l’éducation du malade sur ce qu’il faut faire ou pas, comment se lever, comment soulever une charge, comment se coucher… Il faudrait associer à l’éducation du patient, le traitement physique avec la rééducation dont l’un des éléments importants, c’est la kinésithérapie que nous prescrivons énormément aux patients qui ont la lombalgie,
– Le deuxième volet, c’est le traitement médicamenteux qui est basé à la fois sur des antidouleurs. Dans certains cas, quand on a une complication avec une atteinte des nerfs, on peut être amené à réaliser des gestes appelés des infiltrations. Dans des formes compliquées, nous pouvons faire appel à une prise en charge chirurgicale en neurochirurgie.
Des conseils à l’endroit des populations ?
Il est important d’avoir une bonne hygiène de dos :
– Eviter d’être trop longtemps debout : quand on est debout, 45mn-1h, il faut essayer de s’asseoir,
– Eviter les positions assises longtemps (secrétaires, enseignants…),
– Eviter de soulever des charges lourdes et quand on doit le faire, il faut fléchir les genoux pour pouvoir permettre de garder la colonne vertébrale droite,
– Eviter de se pencher
– Dormir sur un matelas dur, qui ne se déforme pas.
L’éducation de l’hygiène rachidienne devrait commencer dès le bas âge parce que nous avons fait une étude en milieu scolaire dans les écoles publiques et privées pour interroger les enfants. On s’est rendu compte que 9% des 300 et quelques enfants qui avaient été interrogés avaient déjà des maux de dos. Il faudrait déjà que dès le bas âge on apprenne aux enfants les positions à adopter ou pas, comment porter le sac au dos, comment s’asseoir en classe…
Madina Belemviré
Bonjour, merci pour tous ces détails.c’est vraiment riche et actuellement 85 voir 90 pour de la population souffre de ce mal.Maintenant comment pourrait-on avoir un rendez-vous ?
Bonjour! Effectivement,de nombreuses personnes souffrent de ce mal. Pr Zabsonré consulte les mardi au CHU de Bogodogo dans le service de rhumatologie. Mais vous devez prendre rendez-vous au niveau du secrétariat médical. Vous rentrez par la porte du CMA et vous vous dirigez à gauche. Vous pouvez vous renseigner aupres des vigiles si vous ne vous retrouvez pas. Merci
Bonjour ! Merci pour cette information éducative et le contact bien utile.
C’est un mal terrible. On ne peut pas l’expliquer. Actuellement je ne sais plus quoi faire. Moi mes douleurs ne diminuent pas. Après 20 séances de kiné. Les antidouleurs n’ont pas d’effets sur moi on dirait. Même avec l’hygiène du dos, je souffre tellement !