Dr Boampoundi Marina Audrey COULIDIATI, une chirurgienne urologue qui repousse les limites
Elle est arrivée à la faculté de médecine de l’Université Saint Thomas d’Aquin en 2008. Suite à son doctorat, elle a entamé en 2016 une spécialisation en Urologie andrologie à l’UFR- SDS de l’Université Joseph Ki Zerbo. Après avoir fait un an en Martinique dans le cadre du Diplôme de Formation Médicale Spécialisée (DFMS), Dr Boampoundi Marina Audrey COULIDIATI, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a soutenu son mémoire en mai 2022. Depuis cette date, elle exerce officiellement comme chirurgienne urologue à Ouagadougou. Son secret de réussite, elle ne se met pas de limites. Elle nous raconte son histoire !
« Cela fait quelques temps que M. X souffre d’éjaculation précoce. Après avoir consulté un généraliste, ce dernier lui recommande de voir un urologue andrologue. Il prend donc rendez-vous et le voilà un matin devant le Bureau du docteur à l’hôpital…. Il ne s’attendait pas à exposer cette partie de son anatomie à une femme. Réticent au départ, M.X va se résoudre à se laisser consulter par Dr ». Ce genre de réaction, Dr Boampoundi Marina Audrey COULIDIATI en est habituée.
« J’ai entendu des patients dire qu’ils attendent l’urologue, mais c’est plutôt une femme qui est dans le bureau. Ils auraient pu demander si la dame dans le bureau est l’urologue qu’ils attendent ? (Rires) », a-t-elle ironisé tout en précisant qu’une fois le contact établi, tout se passe bien. « Qui d’autre que la femme pour mieux s’occuper des hommes ? (Rires) », a-t-elle interrogé tout en notant qu’elle comprend aisément le comportement de certains de ses patients. « Quand on a l’habitude de voir que des hommes urologues, ça se comprend. Mais avec le nombre grandissant de femmes dans la spécialité, la population finira par s’y faire ».
L’urologie-andrologie, il faut le rappeler, est une spécialité médico-chirurgicale qui traite de l’appareil urinaire de l’homme et de la femme (urologie) et de l’appareil génital de l’homme (andrologie). L’andrologie, argumente Dr COULIDIATI, est pour l’homme, ce que la gynécologie est pour la femme. « Je pense que c’est le domaine de la spécialité qui me plait le plus : m’occuper des hommes (rires) », a-t-elle appuyé, rappelant que sur les 38 urologues que compte le Burkina, il n’y a que 5 femmes.
« 5 femmes ce n’est pas assez, mais c’est déjà encourageant surtout pour une spécialité qui est en train de s’affirmer progressivement au Burkina Faso, car depuis 2014, le Burkina forme des urologues sur place », révèle-t-elle.
En plus de cela, il faut noter que la chirurgie a toujours été un rêve d’enfant pour Dr COULIDIATI. Durant donc ses études en médecine, le choix s’est progressivement porté sur la chirurgie urologique qui semblait être l’apanage du sexe masculin. Dr Klovis Klifford KABORE, médecin urologue qui l’a côtoyé durant sa formation, a affirmé qu’elle avait toutes les qualités pour tirer son épingle du jeu. « C’est une femme très battante et elle a su relever le défi que l’urologie n’est pas seulement une spécialité d’hommes », soutient-t-il.
A la question de savoir si elle a déjà rencontré un cas qui l’a marqué dans sa carrière, la spécialiste répondra : « Oui ! Un patient qui avec le soutien de sa famille, a répudié sa première femme accusée de stérilité. Après vaines tentatives auprès de deux autres épouses, il a commencé à se poser des questions. De proches à médecins, il s’est retrouvé en urologie. En réalité le problème se situait à son niveau ». L’infertilité masculine constitue malheureusement selon Dr COULIDIATI, un sujet encore tabou dans notre société alors que c’est une réalité avec des solutions pourtant disponibles. Elle a donc souhaité que la tendance amorcée continue et que les hommes consultent les urologues-andrologues en cas d’infertilité dans le couple.
Des difficultés rencontrées dans l’exercice de ses fonctions, cela ne manque pas. Mais ce sont à entendre la spécialiste, des difficultés plutôt relatives à la particularité de la spécialité. L’urologie est une spécialité dynamique, en perpétuelle évolution. Il faut non seulement selon elle, avoir l’aptitude de se mettre à jour, mais aussi pouvoir disposer de ce qu’il faut pour être en phase.
Ayant réussi à réaliser son rêve d’enfance, ses conseils à l’endroit des femmes pour les motiver à poursuivre leur rêve, c’est de croire à la méritocratie et savoir se battre pour. « On n’a pas moins de chance parce qu’on est femme », a-t-elle conclu.
Madina Belemviré