Gestion de l’hygiène menstruelle en temps de crise : Défis et solutions
La menstruation est un phénomène naturel et biologique où le corps de la femme et de la jeune fille évacue chaque mois un mélange de sang et de cellules de l’utérus et du vagin. Cependant, dans de nombreuses sociétés, ce phénomène reste entouré de tabous et de croyances qui compliquent la gestion de l’hygiène menstruelle. Cette gestion est pourtant important pour éviter des complications sanitaires, mais en période de crise, les défis se multiplient et posent des problèmes de santé publique considérables.
La gestion de l’hygiène menstruelle repose sur trois éléments essentiels selon le Dr Euphrasie Adjami Barry, gynécologue obstétricienne et médecin de santé publique. Les matériaux utilisés, les toilettes sécurisées et l’accès à l’eau et au savon. Les matériaux incluent des serviettes hygiéniques réutilisables ou jetables et des tampons qui sont indispensables pour absorber le sang menstruel. Les toilettes doivent être des espaces privés et sécurisés où les femmes et les filles peuvent se changer en toute sécurité et disposer de ces lieux tout au long de leurs règles. L’accès à l’eau potable et au savon est également capital pour se laver les mains et le corps. Lorsque ces éléments ne sont pas respectés, les conséquences peuvent être graves et multiples selon la spécialiste de la santé des femmes.
À l’échelle individuelle, explique-t-elle, une mauvaise hygiène menstruelle peut entraîner des infections. Le sang est un milieu propice au développement des germes et une infection non traitée peut provoquer une stérilité. Une mauvaise hygiène peut également entrainer aussi une augmentation des saignements pouvant conduire à l’anémie. Les impacts psychologiques sont aussi significatifs. Une jeune fille dont le vêtement est taché peut subir de la stigmatisation et une perte de dignité, ce qui explique que beaucoup de jeunes filles ne veulent plus aller à l’école selon le Dr Barry. Une étude du ministère de l’Éducation et de l’Alphabétisation a révélé à l’entendre, que 40% des jeunes filles en milieu scolaire s’absentent de 1 à 5 jours par mois à cause de leurs règles affectant gravement leurs résultats scolaires.
Au niveau familial, poursuit la médecin de santé publique, une femme qui a une infection peut contaminer son conjoint. Si elle manque d’hygiène dans la gestion de ses règles, elle ne se lave pas les mains, après va manipuler la nourriture familiale, cela peut entraîner des troubles digestifs et des maladies au sein du foyer. Sur le plan environnemental, le lavage des garnitures réutilisables dans les marigots ou leur abandon dans la nature pose des problèmes de pollution et de santé publique. Les déchets menstruels doivent donc être éliminés de manière adéquate pour éviter des risques sanitaires et environnementaux.
En période de crise, soutient Dr Barry, ces défis deviennent encore plus aigus. Les crises ont un impact majeur sur la santé des populations particulièrement des filles et des femmes selon la spécialiste de la santé des femmes. Le premier problème est l’accessibilité des matériaux. Selon elle, les serviettes hygiéniques tampons et autres produits menstruels peuvent être difficiles à trouver dans les zones à fort défis sécuritaire. Les toilettes sécurisées et privées deviennent rares et la sécurité personnelle est souvent compromise. Les femmes en fuite n’ont parfois que leurs vêtements pour se protéger utilisant des morceaux de pagne pour absorber le sang menstruel. L’accès aux produits menstruels est limité par les contraintes économiques et l’insécurité. Les centres de santé étant souvent fermés les femmes n’ont pas un lieu où se rendre en cas d’infection ou de complications menstruelles. L’élimination des déchets menstruels devient problématique même en temps normal et encore plus en situation de crise
Pour faire face à ces défis plusieurs actions peuvent être mises en œuvre. Il est important pour Dr Euphrasie Adjami Barry, de promouvoir et distribuer des kits de dignité comprenant des produits menstruels pour aider les femmes en situation de crise. Il faut également vulgariser les toilettes mobiles peut offrir des espaces sécurisés et hygiéniques aux femmes et aux jeunes filles. Eduquer aussi les garçons et les hommes sur la menstruation en leur faisant comprendre que leurs sœurs et mères peuvent aussi être affectées par ces défis, peut briser les tabous, réduire la stigmatisation et promouvoir la solidarité et le soutien. Il est important de sensibiliser et de promouvoir une gestion efficace de l’hygiène menstruelle particulièrement en période de crise pour protéger la santé et la dignité des femmes et des filles.
Madina Belemviré