Hépatite B : A ce jour, il n’y a pas de traitement curatif
L’hépatite B est une maladie infectieuse due au virus de l’hépatite B. C’est la maladie infectieuse qui provoque le plus grand nombre de décès après la tuberculose. Le Burkina Faso fait partie de la zone de haute endémicité, la zone ou la prévalence est supérieure à 8%. Selon une étude menée au Burkina en 2018 par Méda, Bull World Health Organ sur 14 886 échantillons, 9,1 % étaient positifs pour l’hépatite B. Quels sont les traitements disponibles au Burkina pour l’hépatite B et C. Les réponses avec le Chef de service de gastro entérologie de l’hôpital protestant Schiphra, le Dr Romond Sia, hépato-gastro-entérologue.
Est-ce que vous recevez fréquemment des cas d’hépatite en consultation ?
En consultation de routine, environ 50% de mes malades sont des cas d’hépatite B. La plupart des malades arrivent au stade de complications car c’est à ce stade que les malades commencent à avoir des symptômes.
Quand on n’a pas de signes, c’est parfois difficile pour les malades de consulter. Souvent les gens consultent parce qu’ils ont été donné leur sang et de manière fortuite on leur a dit qu’ils ont l’hépatite B ou c’est lors d’un bilan de santé que certains se rendent compte qu’ils ont l’hépatite B. Comme la voie de contamination la plus fréquente c’est de la mère à l’enfant, le plus souvent ce sont des patients jeunes et la complication survient le plus souvent au bout de 20-30 ans. Ils viennent avec un tableau de cirrhose ou de cancer du foie. Par semaine, je peux recevoir 2 ou 3 malades qui viennent dans ce contexte.
Avez-vous des statistiques ?
Nous n’avons pas d’études sur la population globale du Burkina, mais on se réfère aux données du Centre national de transfusion sanguine sur la base de leur rapport 2019. Sur 80137 donneurs de sang, 5,57% de cas d’hépatite B ont été rapportés, soit environ 4467 cas d’hépatites B. La prévalence de l’hépatite C en 2019 sur les donneurs de sang est de 3,36%. Si on compare à titre illustratif, la prévalence du VIH sur la même période avec la même population est de 1,93%.
Quel traitement pour les hépatites ?
A ce jour, il y a des traitements qui permettent de guérir totalement de l’hépatite C et qui sont disponibles sur place au Burkina avec une subvention du ministère de la santé.
Pour l’hépatite B, la particularité c’est qu’il n’y a pas de traitement curatif. Même si on peut souvent en guérir de manière spontanée (c’est de l’ordre de 1-2%). Lorsque la maladie est active, on traite pour prévenir la survenue de complications. Mais lorsqu’elle est inactive, on n’a pas besoin de traiter, mais il faut un suivi médical régulier.
Et pour les femmes enceintes ?
Pour les femmes enceintes, dans le cadre de leur suivi, il est recommandé de faire le test de l’hépatite B pendant la grossesse. De plus en plus je reçois des femmes enceintes qui viennent parce qu’au cours du suivi de leur grossesse, elles ont fait le test de l’hépatite B qui s’est révélé positif. Dans ce cas, le suivi est encore plus important parce qu’il y a des mesures à prendre pour éviter non seulement que la maladie ne se complique pour la maman mais aussi pour réduire le risque de transmission du virus au nouveau-né. Si la quantité de virus est élevée, on doit traiter la maman pour réduire cette quantité de virus. Le jour de la naissance du bébé, un vaccin doit être administré dans les 24 heures suivant l’accouchement. L’administration conjointe de l’immunoglobuline anti HBs (coût relativement élevé entre 50 000 F et 70 000 F) au vaccin contre l’hépatite B au nouveau-né le protège efficacement d’une contamination.
Vu l’ampleur du problème de santé, le Burkina a intégré le vaccin contre l’hépatite B dans le programme élargi de vaccination en 2006 réalisant ainsi un progrès considérable dans la prévention. Cependant, la grande insuffisance de cette politique est que cette vaccination se fait à partir du deuxième mois après la naissance alors que l’OMS recommande une vaccination le jour de la naissance afin de protéger les bébés de mère souffrant d’hépatite B.
Madina Belemviré