Infection urinaire: la femme est plus touchée que l’homme du fait de la brièveté de son urètre

L’arbre urinaire est physiologiquement stérile, à l’exception de la partie terminale de l’urètre. On parle d’infection urinaire lorsqu’on assiste à une invasion des muqueuses des voies urinaires et/ou du rein par des bactéries ou autres germes. Ce qui va générer une réponse inflammatoire et des signes de nature et d’intensité variables selon le terrain. L’infection urinaire peut être acquise en ville. On parle d’infection urinaire communautaire. Elle peut également être acquise dans un milieu hospitalier. On parle d’infection urinaire associée aux soins. Tout savoir sur les causes,les manifestations et le diagnostic avec le Dr Abdoul Gafourou Arsène OUEDRAOGO, Médecin Infectiologue dans le service de Maladies Infectieuses du Centre Hospitalier Universitaire Yalgado Ouédraogo.

Qui peut contracter une infection urinaire ?

L’infection urinaire concerne tout le monde. Aussi bien l’enfant, la personne âgée, la femme et l’homme. En revanche elle touche plus la femme que l’homme.

– Chez la femme, le risque augmente avec l’âge avec deux pics : l’un au début de l’activité sexuelle et l’autre à la période post-ménopausique. La grossesse est aussi un facteur favorisant.

– Chez l’homme, l’incidence augmente après 50 ans en relation avec la pathologie prostatique.

– Chez le jeune enfant, l’infection urinaire est souvent le témoin d’une malformation de l’arbre urinaire.

Quelles peuvent être les causes et les facteurs de risques de l’infection urinaire?

L’infection urinaire est causée par des agents microbiens. Les plus fréquemment impliqués ont une origine digestive comme les entérobactéries (Escherichia coli, Proteus mirabilis …) et les entérocoques, Staphylococcus saprophyticus. En zone tropicale et dans certaines circonstances, il faut rechercher le mycobacterium (tuberculose urogénitale) ou des œufs de bilharzies (bilharziose urinaire).
Les situations ou facteurs favorisant l’infection urinaire sont :

– Le sexe féminin du fait de la brièveté de l’urètre et de la courte distance entre l’urètre et l’anus ;
– L’activité sexuelle ;
– La grossesse ;
– La modification de la flore vaginale (ensemble de micro-organismes dont le rôle est de protéger le vagin de pathogènes et d’infections) : antibiothérapie, usage de spermicides ou de diaphragme, ménopause);
–  Les anomalies sous-jacentes de l’arbre urinaire;
– Le diabète;
– La sonde urinaire.

Comment se manifeste-t-elle ?

L’infection urinaire peut donner plusieurs manifestations:

– Il peut s’agir de la présence de signes fonctionnels urinaires isolés tels que l’envie fréquente d’uriner, les brûlures lors de la miction (émission des urines par évacuation de la vessie), la présence de sang dans les urines, l’émission difficile des urines et parfois d’une douleur pelvienne. On parle de cystite.

– Chez certaines personnes, on peut avoir une fréquence de survenue des épisodes de cystite supérieure à 4 par an, et on parlera de cystite récidivante.

– Lorsqu’en plus des symptômes de cystite il s’ajoute de la fièvre ou une douleur lombaire, on parle de pyélonéphrite.

– Chez l’homme, on évoque une infection urinaire masculine lorsqu’on a une émission difficile des urines voire rétention aiguë d’urine, des brûlures lors de la miction, une douleur pelvienne et une fièvre.

Est-ce fréquent dans nos contrées?

Les infections urinaires sont fréquentes dans tous les pays y compris le nôtre. L’arbre urinaire représente en effet le deuxième site d’infection bactérienne communautaire après l’arbre respiratoire. Sur une étude très récente (juin 2021) en milieu pédiatrique au CHU CDG, la fréquence était de 0,7%…

Comment se fait le diagnostic de l’infection urinaire?

Le diagnostic de l’infection urinaire peut se faire avec:

– La bandelette urinaire (BU) qui détecte la présence de leucocytes et de nitrites. Le test se réalise sur des urines du deuxième jet fraichement émis. Elle n’apporte qu’une valeur d’orientation en détectant des leucocytes, témoins de l’inflammation ou des nitrites, signant la présence d’une entérobactérie à forte densité.

– L’Examen Cytologique et bactériologique des Urines (ECBU) : de la qualité du prélèvement et de la rapidité de son acheminement dépend la fiabilité de l’interprétation. Il faut faire un prélèvement à partir du deuxième jet dans un flacon stérile après une toilette urétrale (savon ou lingette). Il confirme le diagnostic en identifiant la bactérie dont la sensibilité à plusieurs antibiotiques est testée (antibiogramme).

Quand consulter ?

Dès les premiers symptômes avant toute quelconque médication.

Madina Belemviré