Insuffisance rénale: Attention aux décoctions et aux médicaments de la rue!

L’insuffisance rénale est une pathologie de plus en plus fréquente chez l’enfant dont les complications peuvent être désastreuses que ce soit pour sa forme aigue ou sa forme chronique si elle n’est pas prise en charge tôt. Notre spécialiste, le Dr Hamidou, Savadogo, néphropédiatre à l’hôpital pédiatrique Charles De Gaulle nous renseigne sur les complications et le traitement de cette maladie qui évolue souvent sans aucun signe pendant longtemps pour la forme chronique.

Dans l’insuffisance rénale aiguë, on peut avoir des troubles hydroélectrolytiques (troubles de la régulation de l’eau et des électrolytes) qui peuvent mettre en jeu le pronostic vital de l’enfant, ça peut conduire à la mort ;
Pour ce qui est de l’insuffisance rénale chronique, les complications peuvent intéresser tous les organes de l’organisme.

– On a essentiellement l’anémie : ce sont des enfants qu’on transfuse plusieurs fois parce qu’ils sont fréquemment anémiés. Le rein produit une hormone qui participe à la fabrication du sang. En cas d’insuffisance rénale chronique il n’y a pas de production de cette hormone, donc les enfants sont fréquemment anémiés. Il existe des médicaments qu’on injecte régulièrement, mais on ne les a pas ici, on est donc obligé de les transfuser régulièrement avec tous les risques que cela comporte ;

–  Il y a aussi un retard de croissance parce qu’ils n’arrivent pas à bien s’alimenter ; ainsi que les troubles hydroélectrolitiques comme dans l’insuffisance rénale aiguë.

Les décoctions peuvent-elles contribuer à rendre l’enfant malade ?

Oui. Elles peuvent effectivement toucher le foie, les reins et conduire à une insuffisance rénale. Il faut faire attention avec ces produits et aussi les médicaments de la rue.

Quels sont les traitements proposés?

Le traitement dépend du type et du degré d’insuffisance rénale.Dans l’insuffisance rénale aiguë, on va recourir à la dialyse dans les cas sévères. Soit une hémodialyse, soit une dialyse péritonéale qui est la méthode de choix chez l’enfant surtout quand il est jeune. L’hémodialyse est un peu plus compliquée pour les enfants.

– L’hémodialyse consiste à brancher le malade à une machine qui aspire le sang, enlève les déchets et le ramène dans l’organisme

– Dans la dialyse péritonéale on insère un tuyau dans le ventre et on perfuse un liquide qu’on appelle dialysat, on laisse stagner le dialysat pendant quelques temps dans le ventre et il y a des échanges qui se produisent entre le sang et le dialysat et ensuite on évacue.

Pour les cas moins sévères, on peut faire un traitement conservateur, par des médicaments.
Pour ce qui est de l’insuffisance rénale chronique, son traitement c’est la dialyse à vie.

On fait idéalement trois séances par semaine et chaque séance dure à peu près 4h. Mais il faut noter qu’en réalité la dialyse est une solution d’attente ; ce n’est pas un projet de vie. Dans les pays où on peut faire la transplantation rénale, c’est le traitement idéal de l’insuffisance rénale chronique.

Dans ces pays certains enfants sont transplantés sans passer par la dialyse ; on parle alors de transplantation préemptive. La transplantation est accessible dans les pays développés, mais chez nous ce n’est pas le cas.

Le coût est-il accessible ?

Le coût n’est pas accessible à tout le monde. On doit travailler à rendre accessible la dialyse gratuite aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte dans un élan de solidarité nationale et pourquoi pas internationale.

Que risquent ces enfants à l’avenir ?

Un enfant qui fait une insuffisance rénale aiguë risque de développer une insuffisance rénale chronique à long terme avec toutes les complications dont on a parlé. Pendant longtemps on pensait que les gens qui développaient une insuffisance rénale aiguë, n’avaient aucun risque une fois la maladie guérie. Mais on s’est rendu compte que l’insuffisance rénale aiguë expose plus tard à développer la maladie rénale chronique.

Madina Belemviré