Journée mondiale de l’hygiène menstruelle : Trois étapes essentielles pour garantir une bonne gestion
Depuis 2014, chaque 28 mai, le monde entier célèbre la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle. Cette journée vise à sensibiliser et à changer les stigmates négatifs et les normes entourant la menstruation et l’hygiène menstruelle. Pour en savoir plus sur la gestion de cette hygiène essentielle, nous avons rencontré le Dr Josiane Ouédraogo, gynécologue obstétricienne et experte en santé sexuelle et reproductive.
L’objectif de cette journée est clair : permettre à toutes les femmes, jeunes et moins jeunes, de se sentir à l’aise pour gérer leurs règles avec confiance et hygiène. Dr Ouédraogo insiste sur trois étapes essentielles pour garantir une bonne gestion saine de l’hygiène menstruelle.
Premièrement, il faut briser le silence en comprenant que les règles sont une réalité de la vie et une caractéristique biologique féminine distincte dont les filles et les femmes doivent être fières et non honteuses. Il est important d’encourager les filles à parler et à discuter de manière positive pour se préparer émotionnellement et physiquement à la ménarche puis aux menstruations mensuelles.
Ensuite, il est important de gérer la menstruation de manière hygiénique et sûre. Cela signifie garantir une eau adéquate, des produits pour se nettoyer et se laver, et des espaces privés pour gérer les flux menstruels de façon hygiénique et intime, ainsi que pour gérer la douleur et/ou les problèmes liés à la dignité, que ce soit à la maison ou dans les lieux publics.
Enfin, il est essentiel de réutiliser et d’éliminer de façon sûre les déchets menstruels. Cela implique de garantir des mécanismes permettant une réutilisation, une collecte et une élimination des déchets menstruels de manière digne et sûre.
Selon Dr Ouédraogo, la menstruation suscite souvent la gêne en raison de son association à la sexualité et à la reproduction. Elle est parfois source de honte car les filles ne savent pas comment la gérer efficacement, et elle peut entraîner l’exclusion en étant perçue comme une impureté. Une mauvaise gestion peut provoquer des retards de diagnostic de maladies comme l’endométriose, entraver les activités quotidiennes des filles, fragiliser leur estime de soi et poser les bases d’un comportement peu favorable à la santé.
La gestion des menstruations doit figurer en meilleure place sur la liste des priorités des programmes de santé pour obtenir les changements nécessaires des normes sociales et institutionnelles selon la spécialiste de la santé des femmes. Pour ce faire, il est important selon elle, d’impliquer les hommes, ainsi que les programmes des ministères de l’Education, de la femme, de l’Eau et de l’Assainissement, et de l’Environnement. Une mauvaise gestion de l’hygiène menstruelle peut être un frein à l’éducation, à l’autonomisation de la femme, aux droits humains, et un polluant de l’environnement. L’OMS prône le droit des filles à grandir dans un contexte où la menstruation est considérée comme normale et saine, où elles sont bien informées, ont accès à des produits hygiéniques et reçoivent l’aide nécessaire.
Pour que cela s’étende à plus grande échelle, Dr Ouédraogo a soutenu que des programmes à long terme, une bonne gestion et des investissements sont nécessaires. Les chefs de gouvernements et les parlementaires ont un rôle crucial à jouer, car la menstruation doit devenir l’une de leurs priorités.
En rappel, le Burkina Faso porte la coalition N3, qui défend le droit à disposer de son corps et les droits à la santé sexuelle et reproductive. Dr Ouédraogo conclut en soulignant l’importance de cette journée pour briser les tabous et promouvoir une gestion saine et digne de l’hygiène menstruelle pour toutes.