La fièvre typhoïde : Une menace silencieuse mais évitable

La fièvre typhoïde, une maladie infectieuse et bactérienne, représente un danger omniprésent dans notre environnement. Souvent contractée par ingestion d’eau ou d’aliments contaminés, cette pathologie se manifeste en trois phases distinctes, chacune marquée par des symptômes spécifiques. Le Dr Souleymane Ouédraogo, infectiologue au CHU de Bogodogo, nous informe sur les modes de transmission, les manifestations cliniques, et les mesures préventives essentielles pour lutter contre cette maladie. 

Dr Souleymane Ouédraogo, infectiologue au CHU de Bogodogo

La fièvre typhoïde est une maladie infectieuse bactérienne très contagieuse, provoquée par une bactérie qui se trouve généralement dans le tube digestif. Selon le Dr Souleymane Ouédraogo, médecin infectiologue au service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Bogodogo, la fièvre typhoïde se transmet de façon féco-orale. Il existe deux modes de transmission : directe et indirecte.

La transmission directe se fait par le biais des mains sales dans l’entourage du malade, tandis que la transmission indirecte survient par ingestion d’eau ou d’aliments souillés, tels que les légumes, les fruits, les coquillages crus ou mal cuits, souvent contaminés par les animaux et les mouches.

La fièvre typhoïde se manifeste en trois phases distinctes : l’incubation, l’invasion et l’état. La période d’incubation, qui convient à l’ingestion du germe, est généralement silencieuse et dure de 7 à 15 jours.

La phase d’invasion qui suit celle de l’incubation, également appelée 1er septénaire dure 7 jours et se caractérise par des symptômes initiaux tels qu’un malaise général, des troubles digestifs (nausées, vomissements, anorexie, douleurs abdominales), des troubles neurologiques (céphalées, insomnies, vertiges), et un épistaxis occasionnel (saignement du nez). A l’examen on note une fièvre, un pouls dissociée (augmentation rapide de la température par rapport au pouls), une splénomégalie (gonflement modéré de la rate).

Enfin, la phase d’état, correspondante au 2e septénaire qui dure 7 jours selon le Dr Ouédraogo, présente des symptômes plus graves comme une fièvre élevée autour de 40°C, une dissociation nette entre le pouls et la température, une diarrhée liquide abondante(cinq à six selles par jour avec un aspect de jus de melon ou de papaye), et des signes neurologiques s’accumulent, ainsi qu’une augmentation de la de la rate.

Certaines personnes sont plus à risque de contracter la fièvre typhoïde, notamment les femmes, les personnes âgées, et les patients porteurs chroniques, en raison de facteurs qui permettent aux germes de persister dans l’organisme. Les personnes atteintes de calculs biliaires sont également plus vulnérables. Un défi majeur dans la gestion de cette maladie à entendre le Dr Souleymane Ouédraogo, réside dans l’insuffisance dans le diagnostic, souvent dû à l’automédication. L’utilisation incorrecte ou inappropriée des médicaments peut entraîner une résistance bactérienne, retardant le diagnostic et compliquant la prise en charge. Ce qui peut conduire à des complications mortelles, notamment cardiaques, hémorragiques, et des perforations digestives pouvant provoquer des péritonites, surtout chez les enfants.

Des traitements efficaces existent, mais il est crucial de consulter un médecin dès l’apparition des premiers symptômes.

La fièvre typhoïde, rassure le spécialiste, n’est pas inévitable mais peut être contrôlée par une bonne hygiène alimentaire et de vie. Il est important pour lui, de maintenir une hygiène environnementale stricte et de se faire vacciner. « La vaccination contre la fièvre typhoïde est possible dès l’âge de deux ans et doit être renouvelée tous les trois ans. Ces mesures permettent de prévenir efficacement cette maladie », a-t-il assuré. Des traitements existent, donc il ne faut pas hésiter à consulter dès les premiers symptômes.

Madina Belemviré

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