La gastro-entérologie et Dr Sia Romond : un amour qui résiste aux épreuves de la vie

Il a découvert son amour pour la gastro-entérologie au cours de sa formation et après plusieurs stages effectués dans le service de Gastro-entérologie au CHU Yalgado Ouédraogo. Inspiré par certains de ses maitres qui étaient gastro-entérologues notamment, Pr Ilboudo Daniel, Pr Sombié Roger , Pr Bougma et Pr Sermé, il sera vite contaminé par le même virus. Celui de la gastro-entérologie. Aujourd’hui, Chef de service de Gastro-entérologie à l’hôpital Protestant Schiphra depuis avril 2014, Dr Romond Sia, hépato-gastro-entérologue raconte son parcours. Portrait.

La gastro-entérologie est un métier passionnant certes, mais qui n’est pas sans difficultés selon le spécialiste. « Nous recevons très souvent des jeunes qui viennent au stade de cancer de foie et c’est assez fréquent. Je ne peux pas faire une semaine sans avoir au moins un cas. La première cause de ce cancer c’est l’hépatite B. C’est vraiment très touchant de voir des jeunes qui arrivent à un stade déjà tardif où on ne peut plus vraiment faire grand-chose  », nous confie-t-il.

En plus de cela, poursuit Dr Romond Sia les pannes d’équipements d’endoscopie digestive constituent une autre difficulté récurrente :« Nous utilisons des équipements d’endoscopie digestive dont la maintenance ou les pannes ne peuvent pas être réparées ici sur place. Lorsqu’on a une panne technique, il faut envoyer le matériel systématiquement en France. Nous réalisons également des examens permettant de mesurer l’état de la fibrose hépatique qu’on appelle fibroscan dont les réparations se font le plus souvent en France, ce qui constitue une des difficultés. Mais dans l’ensemble je peux dire que je suis très satisfait de l’équipement que j’ai et des conditions de travail  », a-t-il assuré.

« Allo Dr, je t’aime ! »_
Au-delà des difficultés, Dr Romond Sia est revenu sur un fait qui l’a beaucoup marqué : « J’ai reçu un enfant de 3 ans il y a quelques années qui a accidentellement ingéré un produit utilisé pour la manucure pédicure. L’œsophage s’est rétrécit à tel point que les aliments ne pouvaient plus passer. J’ai réalisé une dilatation et après trois dilatations, l’enfant s’alimentait correctement. Un jour sa maman m’appelle et lui passe le téléphone. Il me dit : Allo Dr, je t’aime. Ça m’a beaucoup touché ».

Aussi, il y a quelques années de cela, se souvient-il, il a reçu une dame qui avait une cirrhose du foie et dont le ventre augmentait de volume. « Elle venait avec son fils à l’hôpital, mais ils avaient des problèmes financiers. Les médicaments que je prescrivais, tantôt ils arrivaient à payer, tantôt non. J’essayais de les aider comme je pouvais. Je les envoyais régulièrement en hospitalisation pour ponctionner et vider le liquide du ventre (ascite) jusqu’à un certain moment où je ne les voyais plus. Un jour son enfant est venu m’informer du décès de sa maman qui lui a demandé avant de mourir de venir me remercier pour tout ce que j’ai fait. Je suis resté silencieux pendant quelques minutes. J’ai même failli couler des larmes parce que je ne m’attendais pas à ça. Je ne pourrais jamais oublier ça », a-t-il soutenu.

Madina Belemviré