L’anémie : L’ennemi caché qui menace les femmes enceintes et les enfants au Burkina Faso
L’anémie, cette condition souvent négligée, se cache derrière des symptômes que beaucoup pourraient ignorer. Pourtant, elle frappe durement les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans au Burkina Faso, et ses conséquences peuvent être graves. Comme un voleur dans la nuit, elle s’infiltre insidieusement, privant le corps de l’oxygène vital dont il a besoin pour fonctionner correctement, à savoir le sang.
L’anémie est caractérisée par une diminution des globules rouges dans le sang. Lesquelles globules sont pourtant essentiels car ils transportent l’oxygène des poumons vers toutes les parties du corps. Une étude de 2016, menée par Sere et al., a mis en lumière une réalité troublante : 65,7% des femmes enceintes et 87,6% des jeunes enfants sont touchés par l’anémie. Ces chiffres élevés révèlent l’ampleur du problème et l’urgence d’agir. Mais comment détecter cette menace invisible qui peut si facilement passer inaperçue ?
Les signes de l’anémie ne sont pas toujours évidents. Ils peuvent se dissimuler sous des manifestations apparemment anodines, laissant les personnes affectées et leur entourage dans l’ignorance. Imaginez une fatigue persistante, des essoufflements après un effort léger, ou une sensation générale de malaise. Ces symptômes sont parfois mis sur le compte du stress ou de la vie quotidienne. Pourtant, ils pourraient bien être les indices d’un problème plus profond. Le Dr Aminata Ouattara/Minoungou, spécialiste en biologie clinique, explique que l’anémie est définie par une baisse du taux d’hémoglobine dans le sang en dessous des seuils normaux. Pour les hommes, ce seuil est de 13 g/dl, pour les femmes et les enfants de plus de cinq ans, il est de 12 g/dl, et pour les enfants de moins de cinq ans, il est de 10 g/dl. Lorsque ces niveaux chutent, le corps commence à montrer des signes de détresse.
Mais pourquoi tant de personnes sont-elles affectées ? Les causes sont nombreuses et variées selon la spécialiste. La carence en fer, due à une alimentation inadéquate ou à des pertes de sang régulières, est la principale coupable. Le paludisme, un fléau particulièrement dangereux pour les jeunes enfants, détruit les globules rouges et aggrave la situation. À cela s’ajoutent les carences en vitamines B12 et B9, les hémorragies post-partum, et des maladies chroniques telles que les affections du foie ou des reins.
La prise en charge de l’anémie est essentielle pour éviter des complications graves. Si elle n’est pas traitée, prévient Dr Ouattara, elle peut conduire à une insuffisance cardiaque ou même provoquer un état de choc potentiellement mortel. Le traitement varie selon la gravité de la condition. Dans les cas les plus sévères, explique-t-elle, une transfusion sanguine peut être nécessaire. Cependant, il est crucial d’identifier la cause sous-jacente de l’anémie pour administrer le traitement approprié, car donner du fer à une personne souffrant d’une autre forme d’anémie pourrait être inefficace, voire dangereux.
Madina Belemviré