Le Coït interrompu : Quand on se retire juste avant le gâteau au four

Le coït interrompu, également appelé « retrait » par les initiés, est une méthode de contraception qui a traversé les âges et les cultures. Le principe est simple : lors du rapport sexuel, l’homme se retire du vagin de la femme juste avant l’éjaculation. Une technique ancestrale remise au goût du jour par certains jeunes à la recherche de solutions « naturelles ». Mais, est-ce vraiment une bonne idée ? Le Pr Alexis Yobi Sawadogo, gynécologue obstétricien, nous en parle.

Pr Alexis Yobi Sawadogo, gynécologue obstétricien

« Vous êtes en train de préparer un gâteau et qu’au moment crucial, juste avant de le mettre au four, vous retirez la pâte. C’est à peu près ce qu’on demande à l’homme de faire avec le coït interrompu », explique le Pr Sawadogo avec un sourire. « Le but est d’éviter la grossesse, mais tout le monde sait que retirer la pâte ne garantit pas que la cuisine restera propre. »

Imaginez la scène : Jean et Marie, un jeune couple dynamique, décident d’opter pour le coït interrompu. Pourquoi pas? Après tout, c’est naturel, pas besoin de pharmacie ni de rendez-vous chez le médecin. Jean, fier de sa maîtrise de soi, promet de se retirer au bon moment. Marie, elle, n’est pas totalement convaincue mais décide de faire confiance à Jean.

Le coït interrompu, également connu sous le nom de « méthode du retrait », consiste pour l’homme à se retirer du vagin de la femme avant l’éjaculation. Simple en théorie, mais pas toujours en pratique. Pr Sawadogo nous rappelle que cette méthode, bien que naturelle, n’est pas la plus fiable en matière de contraception. En effet, son efficacité varie entre 73 % et 90 %, ce qui laisse une marge de risque non négligeable de 10 % à 27 % de grossesse.

L’efficacité du retrait dépend de nombreux facteurs, et il n’est pas rare que cette méthode nous réserve quelques surprises. Revenons à Jean et Marie. Au moment critique, Jean se prépare à se retirer. Mais voilà, Marie, emportée par l’orgasme, a un réflexe naturel : elle retient Jean.  Et hop, toutes les bonnes intentions de retrait partent en fumée, la méthode échoue. Pr Sawadogo souligne que ce scénario n’est pas rare. Le coït interrompu nécessite un consentement mutuel et une synchronisation parfaite, ce qui, soyons honnêtes, n’est pas toujours évident dans le feu de l’action.

Le Pr Sawadogo met donc en garde : « Pour un couple qui ne désire pas de grossesse, ce n’est pas la méthode la plus recommandée. Le coït interrompu est un risque parce que c’est difficile pour un homme de se retirer sans qu’une partie de sa semence ne reste à l’intérieur. » Et oui, les soldats peuvent parfois franchir la ligne avant même le coup de sifflet final. De plus, cette méthode ne protège pas contre les infections sexuellement transmissibles (IST). En d’autres termes, si vous pensiez que le coït interrompu vous protégerait de tout, détrompez-vous. Les IST n’ont pas besoin d’une invitation formelle pour s’inviter à la fête.

Alors, que faire ? Le Pr spécialiste de la santé de la femme conseille de combiner cette méthode avec d’autres plus efficaces, comme le préservatif ou la contraception hormonale. Et surtout, d’éviter les rapports pendant la période de fertilité si le retrait est la seule méthode utilisée. Autrement dit, il vaut mieux ne pas jouer à cache-cache avec la fertilité.

En somme, le coït interrompu peut sembler une solution séduisante pour ceux qui préfèrent les méthodes naturelles. Cependant, il est important de comprendre les risques et les limites de cette technique. Jean et Marie feraient bien de se renseigner sur d’autres options contraceptives plus fiables et de consulter leur gynécologue ou sage-femme, pour choisir la méthode qui leur convient le mieux.

Alors, à tous les adeptes du coït interrompu, rappelez-vous : maîtriser l’art du retrait nécessite bien plus qu’un bon timing. Une bonne communication, une confiance mutuelle et, idéalement, une méthode de contraception complémentaire sont essentielles pour éviter les surprises inattendues.

Madina Belemviré

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