Le déni de grossesse: le mystère d’une grossesse invisible!
Dans notre entourage, il nous arrive souvent d’être surpris d’apprendre qu’une femme a accouché, parce qu’on ne l’avait pas vu avec un gros ventre. Ou encore qu’une femme témoigne que c’est dans les derniers mois ou derniers jours seulement qu’elle a pris conscience qu’elle était enceinte. Ce que l’on voit également, c’est lors d’un examen de routine chez le gynécologue que la femme apprend à sa grande surprise qu’elle est enceinte. Surprise car n’ayant aucun signe de grossesse. Elle est enceinte sans le savoir. Il s’agit d’une grossesse « invisible » ou le déni de grossesse. Entre choc et émotions, cette femme doit être immédiatement prise en charge pour un bon déroulement de l’accouchement !
Qu’est-ce que le déni de grossesse ?
Si la grossesse nerveuse est un état dans lequel, une femme pense être enceinte car développant tous les symptômes alors qu’il n’en est rien du tout, le déni de grossesse signifie le contraire. Elle est enceinte sans le savoir. Le déni de grossesse est le fait de ne pas avoir conscience d’être enceinte après le premier trimestre. La grossesse est invisible à l’œil nu. Pas de symptômes qui apparaissent.
Il faut savoir que dans une grossesse dite »classique », l’utérus qui accueille le fœtus vient se pencher vers l’avant au fur et à mesure que la grossesse évolue, afin de lui laisser toute la place pour grandir. C’est pourquoi, le ventre de la mère va s’arrondir.
Maintenant dans le déni de grossesse, l’utérus va plutôt s’appuyer vers l’arrière et vers le haut, laissant la ceinture abdominale soutenir l’utérus. Contracté de façon inconsciente par le cerveau, on ne sent pas qu’une grossesse est en train de se dérouler. Cette disposition de l’utérus ne permet pas de constater un changement dans le corps et dans la morphologie de la femme.
Le déni de grossesse peut être partiel ou complet.
Le déni de grossesse partiel est le fait d’apprendre qu’on est enceinte entre la fin du premier trimestre et le terme. Une fois reconnue, le corps de la femme peut changer rapidement. C’est le cas le plus fréquent.
Le déni de grossesse complet signifie que la femme n’est pas au courant de sa grossesse jusqu’à son accouchement.
Qu’est-ce qui peut expliquer cette situation ?
Le déni de grossesse peut s’expliquer comme un trouble psychiatrique.
Le déni de grossesse peut aussi s’expliquer par l’angoisse de porter un enfant, de devenir mère, des traumatismes à l’enfance, une mauvaise relation dans la sexualité, une agression sexuelle, des grossesses rapprochées ou lorsque la femme croit qu’elle est stérile et ne peut pas avoir d’enfants.
Comment se manifester le déni de grossesse ?
Dans le cas d’un déni de grossesse, on observe: une absence de nausées et de vomissements; les saignements de début de grossesse peuvent être confondus aux règles; pas de gonflement des seins et de sensibilité ; pas de fatigue inhabituelle ; pas besoin fréquent d’uriner; pas de mouvements du fœtus ressentis; pas de ventre qui s’arrondit et cela jusqu’à la fin; une absence de prise de poids.
C’est tout le contraire d’une grossesse classique.
Comment se fait le diagnostic ?
Le déni de grossesse peut être découvert de manière fortuite lors d’un test de grossesse de passage ou une échographie. Des douleurs abdominales peuvent aussi amener des femmes à consulter et découvrir qu’elles sont enceintes.
Il est possible de développer un déni de grossesse sous contraception, la pillule ou le stérilet par exemple.
Quelles peuvent être les conséquences ?
Le déni de grossesse peut avoir des conséquences sur la mère et son foetus.
La mère peut ne pas contrôler son alimentation. Ce qui peut avoir des répercussions sur le bébé : prématurité, retard de croissance.
La mère court le risque d’accoucher seule et ne pas avoir une assistance médicale. Elle court le risque de complications à l’accouchement car n’étant pas psychologiquement préparée. Elle peut vivre un choc à l’accouchement, des difficultés de créer des liens affectifs avec son bébé, elle peut subir des traumatismes liés à la douleur de l’accouchement, elle peut même subir une dépression de l’après accouchement.
Le déni de grossesse est une grossesse particulière qui peut arriver à toute femme. Il faut toujours prendre conseil auprès du spécialiste.
Pr Charlemagne Ouédraogo, gynécologue obstétricien