Lèpre : « En 2022, 238 nouveaux cas dont 8 enfants et 70 ayant des infirmités au moment du diagnostic enregistrés » (Dr ILBOUDO)
La lèpre est une maladie infectieuse due à une bactérie appelée bacille de Hansen (découvert par le Dr G. H. Armauer HANSEN il y’a 150 ans.). Elle touche la peau, les muqueuses et les nerfs.Elle fait partie des maladies tropicales négligées et est responsable de stigmatisation et de handicap. Tout savoir sur cette maladie avec le responsable de la lutte contre la lèpre, le Dr Léopold Baowendsom ILBOUDO, Médecin Dermatologue-Vénéréologue au Centre Raoul Follereau.
Quel est l’ampleur de la lèpre dans le monde et au Burkina Faso ?
La lèpre a été éliminée en tant que problème de santé publique dans notre pays en 1994 (moins de 01 cas pour 10 000 habitants). Mais elle persiste avec surtout des cas pédiatriques.
En 2021, 250 nouveaux cas pour l’ensemble du pays dont 8 enfants et 69 patients ayant des infirmités au moment du diagnostic ;
En 2022, 238 nouveaux cas dont 8 enfants également et 70 ayant des infirmités au moment du diagnostic.
La notification des cas pédiatriques traduit la persistance de la circulation de la bactérie. La proportion élevée de patients ayant une infirmité au moment du diagnostic traduit un diagnostic tardif. Il faut préciser que toutes les régions sanitaires ont notifié des nouveaux cas.
Comment se transmet cette maladie ?
La lèpre se transmet d’une personne malade à une personne saine à travers les secrétions narinaires. Cette transmission est favorisée par le contact étroit et prolongé entre le malade et la personne saine et, par le manque de douches quotidiennes.
Quels sont les symptômes de la lèpre ?
Le premier signe de la lèpre est une macule (tache) hypopigmentée ou cuivrée avec une diminution ou une abolition de la sensibilité.
Devant une tache claire ou cuivrée de la peau qui ne gratte pas, qui ne fait pas mal et qui dure plus d’un mois, il faut penser à la lèpre et aller voir un agent de santé.
Le diagnostic peut être posé devant la survenue de complications.
Quelles sont les complications de la maladie ?
Les complications de la lèpre sont la conséquence de l’atteinte neurologique et sont plus visibles au niveau des yeux, des mains et des pieds.
– Au niveau des yeux, le patient peut présenter une rougeur oculaire, une baisse de l’acuité visuelle, une lagophtalmie (non fermeture des yeux) voire une cécité.
– Au niveau des mains, le patient peut avoir des ulcérations pulpaires, une griffe avec déformation de la main en main de singe, des amputations des doigts.
– Au niveau des pieds, les principales complications sont le mal perforant plantaire, le pied tombant, l’amputation des orteils par résorption osseuse, ou une ostéite avec risque d’amputation de la jambe.
On peut avoir d’autres complications à type de résorption des os du nez.
Comment se fait la prise en charge de la lèpre ?
Il existe deux types de traitement. Le traitement spécifique et le traitement non spécifique.
Le traitement spécifique de la lèpre fait appel à une polychimiotherapie en vigueur depuis 1981 selon les recommandations de l’OMS.
Selon la classification de l’OMS, il existe deux formes cliniques de lèpre : la lèpre paucibacillaire, et la lèpre multibacillaire.
Le traitement de la lèpre paucibacillaire dure 06 mois et celui de la lèpre multibacillaire dure 12 mois.
Le traitement de la lèpre est gratuit
Le traitement non spécifique de la lèpre consiste en la prise en charge des complications et à l’accompagnement psycho sociale des malades.
À l’occasion de la journée mondiale des maladies tropicales négligées dont la lèpre, quel est votre message à l’endroit des populations et des partenaires du ministère de la Santé ?
Nous constatons une insuffisance d’information de la population et même des agents de santé sur la persistance de la lèpre dans notre pays.
C’est une occasion pour nous de demander aux organes de presse de nous accompagner dans la sensibilisation de la population sur :
La persistance de la lèpre dans notre pays ;
L’existence d’un traitement efficace et gratuit, disponible dans tous les districts sanitaires.
Nous voulons dire merci à la Fondation Raoul Follereau et à l’OMS qui accompagnent le Ministère de la santé depuis plus de 60 ans dans la lutte contre la lèpre dans notre pays.
Enfin nous demandons plus de solidarité à l’endroit des malades de la lèpre.
Madina BELEMVIRE
madinabelemvire@gmail.com