Paludisme : Pourquoi une attention pour les zones lacustres

Au Bénin, comme dans de nombreux pays du monde, le paludisme reste la première cause de consultation dans les établissements de santé. Cette prévalence est encore plus marquée dans les zones humides où l’anophèle trouve un environnement propice à son développement.

Les moustiques semblent parfaitement à l’aise sur l’eau. Ce constat est notamment valable dans la commune lacustre de Sô-Ava au sud du Bénin, où les conditions environnementales dans cette localité lacustre favorisent la propagation des moustiques à certains moments de l’année. Fulbert Adjimèhossou, un environnementaliste qui a mené des recherches dans cette région en lien avec le lac Nokoué, le plus grand plan d’eau du Bénin, confirme ce fait. « À Vekky, qui est le plus grand arrondissement de Sô-Ava, où nous avons mené nos travaux, plus de 21 000 cas ont été enregistrés en dix ans, dont 87,78 % de cas de paludisme simple. Cela représente en moyenne 2 000 cas par an. Pour un arrondissement de 30 000 habitants, ce chiffre est significatif », déclare-t-il.

Vue partielle de la commune lacustre de Sôava au Bénin. Google Earth

Saisonnalité sur l’eau

Les résultats de ces travaux, publiés en 2022 dans la revue Journal of Applied Biosciences, ont permis d’étudier la saisonnalité de cette maladie. Un lien a été établi avec les précipitations et les crues. « À partir de l’analyse des données obtenues sur la période d’étude de 2010 à 2019, la prévalence du paludisme est assez élevée dès le mois d’avril et de mai, atteignant un pic en juin, puis diminuant à partir de septembre. La période d’avril à juillet correspond à la saison des pluies, qui offre des conditions favorables au développement du vecteur et à la maturation accélérée des agents pathogènes. Le paludisme simple est fortement corrélé avec la hauteur de pluie (R=0,626)», explique Fulbert.

Cependant, le retrait des eaux laisse derrière lui des flaques d’eau qui pourraient créer des conditions écologiques propices au développement de l’anophèle. « Il est certain que les résultats des tests statistiques révèlent que pendant la saison des pluies et lors de la décrue, la prévalence du paludisme, des maladies diarrhéiques et d’autres affections est plus élevée. Cela nous amène à porter une attention particulière à ces milieux spécifiques, en particulier ceux qui sont moins dotés de systèmes d’assainissement. Je rappelle que la cité lacustre ne dispose pas encore d’un dispositif de collecte et de traitement des déchets », ajoute-t-il.

Ce n’est pas seulement autour du lac Nokoué qu’il faudra accorder une attention particulière à la dynamique du paludisme dans les écosystèmes lacustres. De nombreuses études confirment que ces milieux sont fragiles un peu partout dans le monde. C’est notamment le cas du lac Victoria, deuxième plus grand lac d’eau douce au monde, où la disponibilité d’eau douce toute l’année sur les îles entraîne une forte densité de vecteurs du paludisme.

Odette M. ATEYIHO

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