Pipi au lit: Une réalité qui concerne aussi les adultes
L’énurésie, souvent qualifiée de « pipi au lit », n’est pas exclusivement un trouble de l’enfance. Le Dr. Mohamed Simporé, urologue andrologue, partage son expertise sur ce trouble de la miction qui peut persister à l’âge adulte. Dans cette entrevue, il aborde les différents aspects de l’énurésie nocturne, ses causes, son impact sur la vie quotidienne, et présente les diverses approches thérapeutiques, qu’elles soient éducatives, physiques, ou médicamenteuses.
Est-ce que l’énurésie peut toucher les adultes ?
Oui, l’énurésie nocturne existe bien chez l’adulte. Une étude a retrouvé une prévalence de 2,23% dans une population adulte jeune. Et on estime le risque pour un enfant souffrant d’énurésie et non traité de rester énurétique à l’âge adulte de l’ordre de 3 %.
Est-ce que vous recevez des cas de ce genre en consultation ?
Oui, nous recevons pas mal de cas même si ce n’est pas le motif de consultation le plus fréquent avec des catégories d’âge variables allant des petits enfants aux adolescents(e).
Quand est-ce qu’on doit s’inquiéter et que faire face à cette situation ?
Bien que l’énurésie s’amende souvent spontanément, la persistance des signes au-delà de 5 ans doit être un signal pour tout parent et motiver une consultation.
Ya-t-il un traitement contre l’énurésie ?
Oui, il existe des moyens thérapeutiques pour la prise en charge de l’énurésie. Mais il est indispensable de réunir certaines conditions au préalable pour une bonne réussite du traitement. Il s’agira d’établir une relation de confiance, entre l’enfant et le thérapeute et obtenir son accord préalable pour participer au traitement, obtenir l’adhésion des parents car la non compliance des parents entraînera la non implication de l’enfant. Il faut dédramatiser le problème et fixer avec lui des objectifs et un contrat à respecter.
On distingue 3 groupes de moyens :
Les mesures éducatives et hygiéniques pour l’enfant à savoir:
-Limiter les apports hydriques après 18h, supprimer en fin de journée les boissons sucrées et gazeuses , les aliments très salés .
-Inciter l’enfant à avoir des mictions régulières dans la journée et uriner dès qu’il ressent le besoin, être détendu, sans pousser.
-Le faire uriner avant d’aller au lit.
-Sensibiliser les parents à réveiller l’enfant une fois la nuit afin d’aller aux toilettes.
-Avec un bon suivi des conseils d’hygiène de vie, près de 20 % des patients souffrant d’énurésie guérissent dans un délai moyen de 8 semaines.
Les moyens physiques
Leur principe est fondé sur l’anticipation et la prise de conscience par l’enfant du besoin d’uriner. Ils font appel au système d’alarme sonore ou thérapie de l’alarme dite « pipi stop ».Il s’agit d’un dispositif comprenant un capteur en forme de pincette qui vient se placer sur le sous-vêtement de l’enfant.
Lorsque le capteur détecte de l’humidité à savoir l’urine, il déclenche l’alarme à laquelle il est relié directement par un fil ou par un réseau. L’enfant se réveille donc et éteint l’alarme puis se rend aux toilettes. Le but est que cette réaction d’abord involontaire devienne volontaire par la suite et qu’elle s’active dès que la vessie est pleine, permettant à l’enfant de se réveiller avant d’uriner au lit et d’enclencher l’alarme. Ainsi, il évite la sonnerie de l’alarme.
Le traitement médicamenteux
Il fait appel à :
-La Desmopressine (Minirin) qui est un analogue synthétique de la vasopressine, hormone antidiurétique fabriquée naturellement par le corps. Elle va diminuer la production d’urine durant la nuit en augmentant la proportion d’eau réabsorbée dans le corps à travers les reins. Si l’enfant est répondeur, il pourra poursuivre son traitement durant 3 mois
-Les antidépresseurs tricycliques comme l’ Imipramine (Anafranil, Tofranil) qui ne sont plus utilisés en 1ère intention du fait de ses effets secondaires assez importants et leur toxicité.
-On peut aussi citer d’autres thérapies alternatives comme l’acupuncture et l’hypnothérapie qui sont décrits
Des conseils à l’endroit des parents ?
A l’endroit des parents, nous dirons simplement de ne pas hésiter à emmener l’enfant en consultation devant ce tableau et surtout de ne pas dramatiser ni véhiculer des sentiments de culpabilité à l’enfant ce qui pourrait constituer un frein à une prise en charge ultérieure.
Madina BELEMVIRE
madinabelemvire@gmail.com