Pouytenga au rythme de la solidarité : La Société Burkinabè de Rhumatologie soigne les corps et éduque les esprits

Du 10 au 11 octobre 2024, Pouytenga est devenu le centre névralgique de la lutte contre les maladies rhumatologiques. Reportage sur deux jours de consultations gratuites et de mobilisation pour une meilleure prise en charge du rhumatisme.

Il est à peine 7 heures ce jeudi matin à Pouytenga, et déjà, la cour du district sanitaire de Pouytenga est noire du monde. Des centaines de personnes, jeunes et vieux, attendaient patiemment leur tour. Pour eux, ces deux journées sont une opportunité unique : rencontrer un rhumatologue, un luxe presque inaccessible dans cette localité dépourvue de spécialistes. C’est ici, à 130 kilomètres de Ouagadougou, que la Société Burkinabè de Rhumatologie (SBR) a choisi de célébrer la Journée mondiale de lutte contre le rhumatisme, un geste symbolique mais surtout pratique.

La présidente de la SBR, Pr Joëlle Zabsonré/Tiendrébéogo est sur le terrain, entre deux consultations, souriante mais concentrée. « Nous avons voulu marquer l’évènement cette année en venant à Pouytenga, car ici, il n’y a pas de rhumatologue, et pourtant, les affections rhumatologiques sont la première cause de handicap », explique-t-elle. Son engagement est palpable, tout comme celui des médecins rhumatologues et bénévoles mobilisés pour ces deux jours.

Joëlle ZABSONRE/TIENDREBEOGO, présidente de la SBR

Les visages fatigués des patients, les corps voûtés, les mains déformées par l’arthrite racontent tous la même histoire : celle d’un besoin urgent de soins spécialisés dans les zones rurales.

À l’intérieur du centre de santé, l’ambiance est plus calme mais l’effervescence reste palpable. Les médecins, équipements de matériel médical, enchaînent les consultations avec précision. Ici, pas de simple check-up.

Le Pr Dieu-Donné Ouédraogo, rhumatologue, a pris en charge un patient atteint de tuberculose osseuse

Chaque patient part non seulement avec un diagnostic mais aussi avec des conseils pour améliorer son quotidien. Les douleurs articulaires, souvent ignorées ou mal comprises, trouvent enfin des réponses.

Seydou, 55 ans, est l’un des bénéficiaires. Son visage s’illumine après avoir été pris en charge. « Cela fait des années que je souffre des genoux, je ne savais même pas ce que j’avais. Maintenant, on m’a dit ce que c’est et comment je peux mieux gérer ma douleur », raconte-t-il avec un sourire de soulagement. Comme lui, près de 600 autres personnes ont été examinées gratuitement.

L’accès aux soins : un combat permanent

La mission de la SBR ne se limite pas à ces deux jours de consultations. Pr Zabsonré le rappelle avec conviction : « Le rhumatisme n’est pas une maladie de vieux comme on le pense souvent. Il touche tout le monde, à tout âge. Les douleurs rhumatologiques peuvent handicaper la vie quotidienne si elles ne sont pas prises en charge à temps. »

Pour beaucoup, c’est aussi l’occasion de découvrir l’importance de la prévention et d’une bonne hygiène de vie.

Une initiative à renouveler

Alors que le soleil commence à se coucher sur la ville de Pouytenga, la satisfaction est visible, autant chez les patients que chez les soignants. Cette initiative doit être renouvelée, pas seulement ici mais partout où les rhumatologues manquent cruellement.

La Journée mondiale contre le rhumatisme n’aura jamais été aussi concrète pour les habitants de Pouytenga. Pour eux, ces deux journées ont été bien plus qu’un événement de commémoration. Elles ont apporté de l’espoir, du soulagement et, surtout, une meilleure compréhension de leur santé.

La SBR, elle, repart avec une promesse : aller encore plus loin, pour que chaque Burkinabè, où qu’il soit, puisse accéder aux soins spécialisés dont il a besoin.

Madina Belemviré 

 

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