Priapisme: que faire en cas d’ér.ection douloureuse prolongée au-delà de 4h?

Le priapisme est défini comme une érection prolongée douloureuse permanente au delà de 4 heures qui survient en l’absence de fantasme ou toute stimulation sexuelle. Tout savoir sur les causes, les manifestations, les conséquences et la prise en charge de cette maladie avec le Dr Abdoul-Karim PARE, chirurgien Urologue Andrologue exercant au CHUSS de Bobo Dioulasso.

Quelles sont les différentes formes de priaprisme?

Il existe essentiellement 3 formes:

– Priapisme à bas débit ou priapisme veineux ischémique ou de stase: le plus fréquent et le plus urgent. On note une érection importante de la verge qui est douloureuse.

– Priapisme à haut débit ou priapisme artériel ou non ischémique: beaucoup plus rare, il survient dans un contexte traumatique associé à une anomalie vasculaire. La rigidité pénienne est modérée avec peu ou pas de douleur. L’urgence est moindre

– Formes combinées: la combinaison des deux formes est possible : veineuse et artérielle. Elle survient lors de traitement médicamenteux de l’impuissance.

Est-ce fréquent dans nos contrées?

Il s’agit d’une affection rare. Au Sénégal des auteurs avaient notifié en 4 ans 35 patients. Nous avons pu notifier 34 cas dans un travail effectué sur 8 ans (de 2011 à 2018) dans le service d’urologie du CHUSS de Bobo Dioulasso.

Quelles peuvent être les causes?

Les principals causes sont:

– Causes hématologiques notamment la drépanocytose, les cancers du sang,

– Causes neurogènes : les traumatismes crâniens, les tumeurs cérébrales ou cérébelleuses, spina bifida, la pendaison, les traumatismes rachidiens. De plus toute irritation entretenant l’érection de façon reflexe : les infections de la prostate, les calculs vésicaux, les corps étrangers de l’urètre.

– Causes iatrogènes et toxiques : injection intracaverneuse de médicaments pour provoquer l’erection érectogène (exemple le CAVERJECT) ou la prise de médicament pour avoir une érection, la consommation de cocaïne, alcool, marijuana, antidépresseurs neuroleptiques, corticoïdes, la prise de certains antihypertenseurs…

– Causes traumatiques au niveau de la zone génitale ou périnéale lors d’une injection intra-caverneuse ou lors d’une chirurgie de revascularisation, rapport sexuel prolongé, chute d’un arbre.

– Sans cause identifiée (30 à 50%).

Comment se manifeste t-il?

Il s’agit d’une érection anormalement prolongée qui survient sans aucun désir sexuel ou au décours d’un rapport sexuel prolongé ou ininterrompu, à l’occasion de consommation de médicament ou de toxique (alcool, drogue) ou suite à un traumatisme pelvien.

Au bout de quelques heures, l’érection devient douloureuse et s’accompagne d’une anxiété dans la plupart des cas. Parfois cette érection est non douloureure surtout s’il s’agit d’un priapisme artériel. Il n’y a pas d’éjaculation au décours de cette érection.

Qui sont les hommes à risques?

– Il s’agit des sujets qui consomment les substances psycho actives (drogues)

– Les sujets qui utilisent de façon abusives les médicaments ou substances érectogènes ou les aphrodisiaques

– Les sujets drépanocytaires et porteurs de maladies du sang

Comment se fait le diagnostic?

Le diagnostic est clinique par la survenue d’une érection douloureuse prolongée au-delà de 4 heures. On peut faire des prélèvements pour doser les gaz du sang ou rechercher des toxiques dans les urines et dans le sang.

Le bilan d’hémostase est indispensable, à la recherche d’une étiologie (temps de saignement et temps de coagulation).

L’hémogramme recherche une hyperviscosité sanguine et l’électrophorèse de l’hémoglobine à la recherche de l’hémoglobine S.

Quelles peuvent être les conséquences?

En cas de prise en charge inadéquate ou en absence de prise en charge, il peut survenir une fibrose des corps caverneux, c’est à dire une sclérose des tissus au niveau de la verge rendant l’érection difficile voire impossible. A terme il peut survenir une impuissance sexuelle.

Comment se passe la prise en charge?

On peut administrer des antidouleurs tels du paracétamol ou d’autres médicaments plus puissants tels les morphiniques.

Aux premières heures de la survenue du priapisme, on peut utiliser les petits moyens tels l’effort physique (montée d’escaliers), le rapport sexuel, les éjaculations répétées, le passage d’une poche glacée sur la verge (la réfrigération cutanée pénienne).

Si le priapisme est survenu il y a plus de 6 heures, on préconise de prescrire un stimulant cardiaque.

En cas d’échec, on fait recours à la ponction évacuatrice intracaverneuse avec une seringue de 50 millilitres ou la ponction du sang noir coagulé avec lavage au sérum salé. D’autres techniques chirurgicales plus pointues peuvent être utilisées.

Des conseils à l’endroit des populations?

– Eviter la consommation de substances psycho actives (alcool , drogues..)

– Eviter l’utilisation abusive des alpha stimulants et des medicaments de la rue utilisés pour booster l’érection.

– Consulter en cas d’érection anormalement prolongée et en cas d’érection douloureuse.

– Pour les sujets drépanocytaires consulter en cas d’érections prolongées intermittentes et récurrentes.

Madina BELEMVIRE 

One thought on “Priapisme: que faire en cas d’ér.ection douloureuse prolongée au-delà de 4h?

  • 20 octobre 2022 à 13h05
    Permalink

    Bonjour docteur
    Merci pour ce bulletin
    Suis actuellement avec mon enfant drépanocytaire hospitalisé pour priapisme.
    Finalement une intervention chirurgicale.
    L’enfant vas mieux.
    Bonne suite

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