Protégez votre vessie : « urinez immédiatement après les rapports sexuels » (Dr Gnamou)

La cystite post-coïtale, autrefois connue sous le nom de « cystite de lune de miel », est une inflammation de la vessie qui survient après un rapport sexuel. Cette condition est causée par la multiplication de bactéries provenant du tube digestif, notamment du rectum et du côlon, dans la vessie. Les mouvements et frottements pendant l’acte sexuel facilitent le transfert de germes de l’anus vers le vagin, augmentant ainsi le risque d’infection. Tout savoir sur cette pathologie avec le Dr Arouna Gnamou, médecin infectiologue en service au niveau des maladies Infectieuses et Tropicales (SMIT) au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo.

Dr Arouna Gnamou, médecin infectiologue

La cystite post-coïtale se distingue des autres formes de cystite par son lien direct avec l’activité sexuelle. Les symptômes, explique le Dr Arouna Gnamou, apparaissent généralement entre 4 à 24 heures après le rapport sexuel et comprennent une envie pressante d’uriner, souvent accompagnée d’une sensation d’urgence, des mictions fréquentes mais en petites quantités, des douleurs pelviennes ou une sensation de brûlure lors de l’urination, des urines troubles avec une odeur inhabituelle et parfois des traces de sang. Contrairement à d’autres infections urinaires, la cystite post-coïtale ne s’accompagne généralement pas de fièvre.

Les femmes, soutient le Dr Gnamou  sont plus susceptibles de développer la cystite post-coïtale en raison de l’anatomie de leurs organes génitaux, avec un urètre court et proche de l’anus. Les facteurs de risque spécifiques incluent l’exposition aux produits chimiques comme les déodorants vaginaux, les lotions antiseptiques, les savons, les spermicides et les dispositifs contraceptifs qui peuvent perturber l’équilibre de la flore vaginale, facilitant ainsi la colonisation bactérienne. Les mouvements lors des rapports sexuels peuvent provoquer l’entrée des bactéries dans l’urètre et des microlésions sur les parois vaginales, facilitant la remontée des bactéries vers la vessie.

De mauvaises habitudes d’hygiène, explique le spécialiste, comme s’essuyer de l’arrière vers l’avant après avoir été aux toilettes, peuvent transférer des bactéries de l’anus vers l’urètre. Une mauvaise lubrification due à des préliminaires insuffisants peut entraîner des microlésions facilitant l’infection. L’utilisation de spermicides peut perturber l’équilibre de la flore vaginale, diminuant les défenses locales, et des antécédents de troubles urinaires augmentent la susceptibilité aux infections.

Le diagnostic de la cystite post-coïtale est principalement clinique, basé sur les symptômes et l’interrogatoire du patient. Des tests d’urine peuvent être réalisés pour exclure d’autres infections urinaires ou complications, surtout chez les hommes. Les traitements incluent des antibiotiques pour traiter l’infection, des analgésiques pour soulager la douleur et les brûlures, une hydratation adéquate pour aider à éliminer les bactéries. Également, l’utilisation de lubrifiants pour réduire les frictions lors des rapports sexuels et l’urination après les rapports sexuels pour expulser les bactéries potentiellement présentes.

Pour prévenir la cystite post-coïtale, il est recommandé d’uriner immédiatement après les rapports sexuels, d’éviter les spermicides et les douches vaginales agressives, de maintenir une bonne hygiène génitale, de s’essuyer toujours d’avant en arrière après être allé aux toilettes, de porter des sous-vêtements en coton propres et de les changer régulièrement, et de boire au moins 1,5 litre d’eau par jour. Ces mesures peuvent réduire le risque de cystite post-coïtale et améliorer la qualité de vie des personnes concernées.

Madina Belemviré 

(madinabelemvire@gmail.com)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

9 − 8 =