Ramadan : Peut-on jeûner quand on a des ulcères ?

Le jeûne, particulièrement le jeûne pendant la période de ramadan est une période de privation diurne d’aliments et de liquides qui peuvent être responsables de certaines aggravations de pathologies ou de complications particulières chez certains patients. Quels sont les types de patients chez lesquels le jeûne est contre-indiqué ? Que faut-il faire quand on est malade d’ulcères ? Les réponses avec le Dr Lydie Sia Ouattara, hépato gastroentérologue en service dans les hôpitaux Paul 6 et Schiphra.

Quels sont les types de patients chez lesquels le jeûne est déconseillé ?

On distingue particulièrement trois groupes de patients :

– Les patients qui ont des pathologies à très haut risque d’aggravation pendant le jeûne : ce sont des pathologies comme les cardiopathies , l’insuffisance rénale chronique sévère, le diabète, la grossesse…

– Les pathologies à risque modéré où le jeûne n’est pas formellement contre-indiqué, mais qui nécessite des aménagements surtout au niveau du traitement et certaines attitudes afin de réduire le risque de complications.

– Les patients sans contre-indications qui malgré leurs pathologies, peuvent mener le jeûne sans risque d aggravation ou de complications.

Chez ces deux derniers groupes de patients, une consultation pré-ramadan permet au médecin de clarifier certaines choses et de donner des conseils pour bien vivre ce temps de jeûne .

– En ce qui concerne les ulcères gastro duodénaux, il faut dire que la contre-indication n’est pas formelle. Ce sera au cas par cas. Je rappelle que l’ulcère gastro duodénal est une perte de substance, une plaie dans la muqueuse de l’estomac ou du duodénum et qui peut engendrer des complications.

Au cours du jeûne du mois de ramadan, il existe une hypersécrétion d’acide gastrique qui, dans les conditions normales, contribue à la digestion des aliments. Cette hypersécrétion d’acide gastrique peut être à l’origine de poussée d’ulcère ou même de complications telles que la perforation de la muqueuse gastrique et les hémorragies ulcereuses. Ce sont des complications graves pouvant engager le pronostic vital du patient.

On peut avoir aussi des complications telles que les hémorragies ulcéreuses. Il convient donc chez ces patients d’évaluer le risque lié à l’observance du jeûne. Une étude algérienne a comparé deux groupes de patients porteurs d’ulcères. Le constat a été que 50% des patients ayant pratiqué le jeûne ont présentés une perforation. C’est dire que le jeûne est un facteur de risque très important des complications ulcéreuses.

Que faut-il faire quand on est malade d’ulcères ?

Plusieurs situations sont à distinguer:

– Les patients qui ont été diagnostiqués ulcéreux, ayant bénéficié d’un traitement et déclarés guéris. Ce sont des patients qui ont un estomac ou un duodénum cicatriciel. Ces patients peuvent observer le jeûne tant qu’ils n’ont pas de symptômes gastro-duodenaux tels les douleurs abdominales, des remontés acides, des aigreurs.

– Par contre, les patients présentant des symptômes gastro-duodenaux, ou ceux qui sont en cours de traitements, le jeûne est déconseillé car il peut être source de complications. Dans tous les cas, pour tout patient ayant souffert ou souffrant d’ulcère gastroduodénal et désirant observer le jeûne , il est recommandé de consulter son médecin afin d’évaluer la faisabilité du jeûne et de lui donner des conseils pour que la période de jeûne se passe de façon agréable.

Des conseils aux patients qui observent le jeûne ?

Il est recommandé un régime particulièrement équilibré au moment de la rupture du jeûne, qui associe des céréales (riz, blé, pates), des fruits et des légumes, des produits laitiers et surtout une bonne hydratation, très importante dans notre contexte où la période de jeûne coïncide souvent avec la période de canicule.

Il est conseillé de boire au moins 2,5 à 3l de liquide pendant la période de rupture.

Les patients sous traitements doivent les poursuivre autant que possible ou à défaut, revoir le médecin traitant pour modeler la prise des médicaments avec les horaires de jeûne.

Il est également conseillé de rester le plus possible dans un endroit frais, agréable.

En cas de doute, toujours consulter son médecin traitant afin d’avoir avoir des conseils.

Madina Belemviré